Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

INTRODUCTION V7

sa correspondance. Il écrit au jour lé jour, sous l’impression du moment; il fait part de ses rêves de philosophe chrétien en vue de la réformation de l'Église de France. Il applaudit, en patriote, à la vente des biens du clergé et à la création des assignats; il s'étonne de la résistance des Maury, des Cazalès et s’indigne de leur opposition. Il prend une part active au vote de la constitution civile du clergé et rédige une Opinion (1) pour justifier la légitimité du serment. Nommé, malgré sa répugnance pour ces fonctions, évêque constitutionnel de l'Eure (15 février 1701), il partagea son temps, jusqu’à la fin de l’Assemblée constituante, entre les soins de son diocèse et ses devoirs politiques de député.

Il quitta alors Paris dans les premiers jours d’octobre 1791 et revint séjourner dans l'Eure, tantôt à Évreux, chez M. Passot, tantôt à Bernay. Le département se refusait à lui céder l'évêché pour logement. Malgré cette existence un peu vagabonde, la correspondance demeura active entre l’évêque et son frère Robert, que les électeurs de l'Eure venaient d'envoyer siéger à l'Assemblée législative. La journée du 10 août ne le surprit point, et c’est à notre évêque qu'est due l'adhésion donnée à cette journée révolutionnaire par le directoire notoirement monarchiste du département de l'Eure. Nous publions 45 lettres écrites pendant cette période d’une année (de septembre 1791 au 17 septembre 1792). Elles renferment de piquantes révéla-

(1) Opinion de Th. Lindet, curé de Sainte-Croix de Bernay, député .du département de l'Eure à l’Assemblée nationale, sur la prestation de serment . ordonnée par le décret du 27 novembre; impr. Devaux, in-8, de 16 p.