Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (20 SEPTEMBRE 1791) 319

sont de terribles tentations pour le peuple. Vous aurez à lutter contre ces obstacles.

.… Notre nouveau clergé constitutionnel n’a pas la tête bien constituée dans tous les endroits du département. Un curé de Saint-Amand-des-Hautes-Terres (1) maudit et damne ses paroissiens qui ne sont point contents de ses sermons. Quand il les conduit en procession, il s’escamote, s’en revient seul à l’église, en ferme les portes et laisse dehors la croix, la bannière et les paroïissiens. Voilà un fou.

P.-S. — On a décrété le cordon bleu pour le roi et le jeune prince royal : ils n’en portent point ; je ne sais si c’est popularité ou honneur. On ne manqua pas mercredi de montrer le prince royal à sa loge dans laquelle il assista à la cérémonie. On ne fit aucune décoration. MM. du ci-devant Parlement auraient vu avec bien de l’indignation deux fauteuils égaux : l’un pour le roi l’autre pour M. Thouret, — le roi faire son serment debout, l’Assemblée assise, — et M. le président porter la parole assis. La nation ne parle plus le genou en terre. (Papiers R. Lindet.)

CXCVI. — Au même. Paris, le 20 septembre 1791.

Mon frère, il sera chanté dimanche un Te Deum.

Le roi ne communiquera pas avec le nouveau clergé.

Le roi n’a point voulu du cordon bleu réservé à lui seul et au prince royal.

Le roi avait l'air de mauvaise humeur le jour de l’acceptation. Mais le jour de la fête a été plus heureux. Les jardins des Tuileries ont été plus illuminés que de coutume. Le roi,

(1) Commune du district de Louviers, canton d'Amfreville-la-Campagne (Eure).