Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)
364 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET CCXKXI. — Au même. Evreux, le 11 août 1792.
Mon frère, un courrier vous porte une adresse de la municipalité, que j’ai rédigée fort à la hâte. Le département et le district ont été engagés à prêter le serment à peu près malgré eux. Plusieurs officiers de la garde nationale et gendarmes l’ont prêté après quelques grimaces, quelques tergiversations, réserves et restrictions. J'ai fait adopter l'insertion de la demande de la publicité des séances. Il importe de faire valoir une deuxième observation, pour l'élection des chefs de l’armée, et de comprendre, sous cette dénomination, les commandants de l’intérieur. Le Grimoard arrivait ici jeudi bien à propos. Ce n'était pas sans dessein, et les Suisses qui devaient arriver ici rentraient certes dans le plan du voyage de Rouen.
Pendant que je rédigeais l'adresse, le maire écrivait la lettre qu’il vous adresse pour M. Hugau (1). J'ai déclaré que je ne lui donnaiïs pas une telle commission. On m’a entendu, et unanimement on a converti l'adresse, Au milieu du patriotisme naissant, on doit retrouver quelques restes des anciennes habitudes.
Je passe la nuït à la municipalité. Il me reste à faire au premier jour mon apprentissage pour porter les armes et monter la garde. Quelle bagarre que celle où vous vous trouvez! À quels dangers plus de fermeté et d’activité ou d'ensemble dans l’Assemblée nationale auraient pu nous soustraire! Les Suisses prendront-ils le soin de venger leurs frères morts pour rétablir le despotisme? Je vous embrasse. Bientôt vous ne voudrez plus ni rois ni prêtres.
(1) Hugau (Claude), député de l'Eure à la Législative. Il habitait Evreux lors de son élection, et commandait en second la garde nationale d'Evreux,.