Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)
CORRESPONDANCE INÉDITE 383
affaires d'intérét, on trouvera que ses sacrilices pécuniaires n’excèdent pas l'estimation qui en a été généralement faite. Vous savez que le général La Fayette n’en a jamais parlé au public et très peu à ses amis ; mais l'autorité que j'ai citée et qui spécifie les terres qui ont été vendues depuis 1777 jusqu’en 1784 pour subvenir à ces dépenses, me parait irrécusable.
J'ai trouvé sur cet état une dépense d'environ deux cent vingt mille francs dans l'intervalle des deux Révolutions, qui ont été consacrés à des objets relatifs à la cause de la liberté en Europe, et à un essai pour l’affranchissement graduel des noirs. Les dépenses du général La Fayette dans la Révolution française, où il a également refusé toute indemnité, ne s'élèvent pas tout à fait à ce que lui a coûté la Révolution américaine. Cependant, comme sa fortune était en belles terres se vendant alors au denier 30, il lui restait en 1792 une fortune qui, dans l’état remis sous serment et sous peine de la vie à la commune de Paris par l'avocat que je viens de citer, était encore évaluée, y compris son hôtel à Paris, un million neuf cent mille francs’. Il n’a trouvé à son retour en France qu'une très petite portion de ses propriétés. Le reste a été dilapidé ou vendu.
Le général La Fayette ne possède pas à présent pour lui et pour la part de ses enfants plus de dixsept à dix-huit mille francs de rentes, y compris le bien de sa femme, et ce revenu est grevé de charges dont je parlerai plus bas. I a déclaré ne vouloir accepter aucune des places lucratives du gouvernement, et vous jugez, Monsieur, que lorsque chacun de ses trois enfants aura été établi en mariage, il ne
1. Le partage de l'héritage venant de M"° de La Fayette eut lieu le 11 avril 1800, (Cf. Cuaravay, le Général La Fayelte, p. 378)