Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)
382 GORRESPONDANCGE DE LA FAYETTE
vous avez eue depuis avec le président Jefferson’, me donnent lieu d'espérer que les États-Unis signaleront leur reconnaissance envers lui par des dispositions relatives à sa fortune.
Vous me demandez quelques notes sur l'écrit que je vous montrai et que je m'étais momentanément procuré. C'était un compte rendu de la manière dont le général La Fayette avait employé une partie de sa fortune au service des deux Révolutions d'Amérique et de France, et avait perdu l’autre partie par suite des proscriptions dont il fut l'objet. Cet état a été fait par un avocat? de la capitale qui, depuis la jeunesse du général La Fayette jusqu’à l’année 92, fut chargé de ses affaires et avait des pièces à l’appui de cette reddition de comptes, dont il suffit de vous envoyer le résultat autant que ma mémoire me le fournit.
Lorsque La Fayette épousa la cause américaine, il avait cinquante mille écus de rente en fonds de terre, sans compter le bien de sa femme, et à la fin de notre Révolution il se trouvait avoir dépensé, outre son revenu annuel, plus de huit mille francs de son fonds pour le service de la cause américaine. H est possible que ces dépenses eussent pu se faire avec plus d’économie, mais quand on pense à ce que lui coûta, dans le moment que vos affaires paraissaient désespérées, l'achat de son vaisseau qui vous porta des secours et périt ensuite, aux voyages très dispendieux qu'il fit pour le service américain, aux dépenses de tout genre qu'il a faites pour le bien de la cause et des individus dans un temps où il refusait toute indemnité, au désintéressement dont il est animé et qu'il a porté jusqu'à l'insouciance dans toutes les
1. Président en 1801. 9, Grattepain Morizot. (Cf. H. Mosxier, le Château de Chavaniac, p. 54.)