Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

DANTON EN ANGLETERRE. 1

Et, en effet, Talleyrand, de Londres même, écrivait,

à la date du 42 décembre, trois jours avant la publica-

tion de la note précédente, une lettre décisive où il ex-

posait sa justification et demandait le rapport du décret

d'accusation porté contre lui. Cette lettre ne parut que

_le 24 au Moniteur (n° 359); nous la reproduisons intégralement :

« Londres, le 12 décembre 1792, lan I« de la République. « Citoyens,

« Je viens de lire dans le numéro 5 du Bulletin de lu Convention nationale, le plus officiel, dit-on, de tous les journaux, la phrase suivante : « Par une lettre du 21 avril, Laporte adresse « au roi une pièce de l’évêque d’Autun qui, dit-il, parait désirer « de servir Sa Majesté. 11 m'a fait dire que vous pouviez faire l'essai «de son zèle et de son crédit.» Le Bulletin ajoute que, de suite, « la Convention nationale a décrété d'accusation Talleyrand-Péri« gord, ancien évêque d’Autun. »

« Ma réponse à cette inculpation est simple et courte : je n'ai jamais rien dit, ni rien fait dire de semblable. Je n'ai jamais eu aucune espèce de rapport, direct ou indirect, ni avec le roi, ni avec M. Laporte. Je n'ai pas rencontré quatre fois dans ma vie M. Laporte; je l'ai vu chez lui deux fois pour des objets fort étrangers à nos questions révolutionnaires : la première, pour solliciter, avec un artiste célèbre, un appartement au Louvre dont on voulait le priver pour le donner à une personne de la cour; la seconde fois pour réclamer, au nom du département, l'ouverture da la galerie du Louvre, sans laquelle un grand nombre de tableaux n'auraient pas pu être exposés.

« À l’époque du mois d'avril 1791, voici ce qui s’est passé. On s'occupait, à Paris, de l'arrêté du directoire du département concernant les églises paroissiales, les chapelles, etc., etc. Cet arrêté, -pris le 11 avril, fut soumis par le directoire à l'Assemblée nationale qui, le 18, le renvoya au comité de Constitution pour qu'il fit son rapport. Je fus chargé de ce petit travail et m'en occupai au même instant (1). Ce fut le lendemain ou le surlendemain que je rencontrai dans une société M. Laporte. On y parla beaucoup, comme on faisait ailleurs, des pâques du roi, de l'arrêté du département, el du bon ou mauvais succès qu'il aurait dans l’Assem-

(1) « On me recommanda de lui donner à peu près la longueur d'une affiche. »