Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

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semblée. Je dis que j'ignorais quelle serait l'opinion de l’Assemblée à cet égard, mais que la mienne était bien décidée, et qu'au département et à" l'Assemblée, je soutiendrais l’arrèté (1).

« Fajoutai que j'avais déjà rédigé dans ces principes le projet de rapport du Comité de constitution. L'objet de ce rapport devant être de rendre très familières des vérités importantes à l’ordre publie, j'avais le projet de consulter plusieurs personnes. Quelques-uns de mes collègues, actuellement de la Convention nationale, peuvent se rappeler que je le leur ai communiqué à cette époque, et que je profitai de leurs conseils, en y faisant des changements considérables.

« M. Laporte, qui, comme tous les serviteurs du roi, n’était en ce moment occupé que des inquiétudes de conscience qu'il manifestait aux approches de Pâques, paraissait s’intéresser très vivement au succès d’un arrêté qui déclarait que la liberté du citoyen, duns ses opinions religieuses, doit lui étre garantie contre toute espèce d'atteinte.

« J'ai su ensuite d'une personne de la chambre dans laquelle nous étions, qui me demanda de lui prêter ce rapport, que M. Las porte en avait obtenu d'elle communication. Et c'est apparemment celte pièce qu'il se hâta de faire copier et d'envoyer au roi, comme propre, sans doute, à rassurer sa conscience.

« Je disais, en effet, dans ce rapport : « Ne parlons pas ici de «tolérance; cette expression dominatrice est une insulte et ne «doit plus faire partie du langage d’un peuple libre et éclairé. S'il « est un culte que la nation ait voulu payer, parce qu'il tient à la «croyance du plus grand nombre, il n’en est aucun hors duquel «elle ait voulu, elle ait pu déclarer qu'on ne serait pas citoyen, «et par conséquent habile à toutes les fonctions.

« Portons le principe jusqu'où il peut aller.

« Le roi lui-même, le premier fonctionnaire de la nation, qui «certes, et avant tout, doit faire exécuter la loi acceptée et sanc«tionnée par lui, et ne laissera aucun doute à cet égard sur son «imperturbable résolution, pourrait, en remplissant ce premier de«voir, suivre un culte différent sans qu'on ait aueun droit de l’in«quiéter; car le temps n’est plus où l’on disait et où, malheureu«sement, on soutenait, les armes à la main, que la religion du roi «doit être nécessairement la religion de la nation.

« Tout est libre de part et d'autre; et il en est du roi, à cet «égard, comme de tout autre fonctionnaire public. Voilà le prin«Cipe dans toute son exactitude, dans toute sa pureté, tel qu'il

(1) Depuis l'exécution de l'arrêté du directoire il n’y a plus eu de troubles religieux à Paris.