Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

PIÈCES JUSTIFICATIVES. 281

ces moyens sont beaucoup plus faciles et moins dispendieux qu'on ne pourrait le croire, si l’on ne voulait les juger que par l'étendue de l’objet. Cette expédition avait été conçue par le gouvernement anglais, il y a quelques années, et les dépenses en hommes et en argent qui devaient en assurer le résultat étonnent par leur extrème modicité lorsqu'on les compare à la grandeur de l’entreprise. Cette expédition fut arrêtée, quelque temps après avoir été conçue et préparée, par l'effet d’une négociation particulière entre le ministère anglais et l'ambassadeur d’Espagne. Mais le plan existe et avec lui tout l'ensemble des moyens nécessaires pour le mettre en exécution et le suivre avec succès. L’exposé de ce plan et le développement des moyens de toute espèce qui doivent servir à commencer, conlinuer et achever cette expédition seront l’objet d’un mémoire particulier dont j'ai réuni tous les matériaux et que je rédigerai si le Conseil croit devoir donner de la suite à l’idée que je viens de présenter. Après une révolution, il faut ouvrir de nouvelles routes à l’industrie, il faut donner des débouchés à toutes les passions. Cette entreprise-ci réunit tous les avantages : son importance politique et commerciale exige que toutes les questions qui y sont liées soient traitées d’une manière détaillée et avec une étendue et une exactitude qui ne laissent aucun doute.

« C.-M. TALLEYRAND.

« Londres, 25 nov., l'an Ier de la République.

« P. S. — Les palrioles entre les mains de qui cet écrit peut tomber jugeront sans doute qu'une partie des vues qu'il renferme est de nature à rester secrète. »

Quoi qu'il en soit d'un pareil document, on ne peut méconnaitre combien il était propre, par le fond et par la forme, à frapper un esprit comme celui de Danton et à le faire renoncer, pour la France républicaine, à la politique de conquête, aux acquisitions de territoires.

Cependant, il faudrait encore, pour conclure définitivement en ce sens, qu'aticune preuve ne surgit à l'encontre.

Or, nous petisons en trouver une, el décisive, dans la pièce aüssi très remarquable que nous rapportons ci-dessous, également tirée des archives des Affaires étrangères, et qui n’est autre qu'une déclaration faite, au nom de la Convention nationale; aux puissances, après le 10 août, c'est-à-dire avant que Talleyrand n'eût envoyé son mémoire diplomatique.