Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

252 DANTON ÉMIGRÉ.

La conclusion de cette pièce, tout au moins, nous y fait reconnaître la participation directe de Danton, le doigt de l’ouvrier ou la griffe du lion, comme on voudra, une identité frappante de fond et de forme, d'inspiration même, avec les passages les plus décisifs de son discours du 13 avril an Ier, lorsqu'il exécuta définitivement, à la Convention, le système de la propagande armée (V. pages 169-170).

Nous concluons de ces remarques et surtout de l'étude attentive du document lui-même, qu'alors, comme avant et après sa publication, ce grand politique, fidèle à la philosophie du xvin® siècle, fut toujours partisan de la paix, et que, lorsqu'il parut s’en éloigner en s’associant au mouvement de la guerre de propagande, comme au système des annexions, ce n'était qu'afin de pouvoir dominer un jour cette irrésistible déviation et la ramener définitivement à la ligne droite.

Ce n'était done pas de Talleyrand qu'il avail recu cette haute tradition, quoique celui-ci la partageât bien certainement, à ce moment, avec lui et avec tous les esprits élevés.

Voici la pièce :

1792 (A, étr., Corresp. d'Angleterre, 6° supplément, no 125.)

« Les représentants du peuple français, assemblés en Convention nationale, profondément pénétrés des maux que le gouvernement monarchique a causés à la patrie, ont, le 21 septembre, prononcé d’une voix unanime l'abolition de la royauté en France.

« La République, en notifiant à toutes les puissances la nouvelle forme de son existence politique et la destitution du fonctionnaire chargé d’entretenir les relations extérieures de lEtat, croit devoir aux sentiments d'union et d'amitié qu’elle désire conserver avec elles de leur faire part des causes qui ont nécessité cette révolution.

« Personne n’ignore comment la liberté est née, en France, de l'excès même de la servitude, L'univers entier sait par quel enchainement de vexations et de brigandages l’ancien.gouvernement fut réduit à recourir à la nation même, qu'il avait épuisée par ses dilapidations et révollée par les actes du despotisme le plus effréné, pour sauver le vaisseau de l'État du naufrage presque inévitable où l’avaient exposé ses manœuvres insensées ;