Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

DANTON EN ANGLETERRE. 19

«sera vrai dans mille ans, tel qu'il doit le paraitre dans ce « moment. »

« Ces idées obtinrent les applaudissements de l'Assemblée constituante et l'approbation de tous les hommes justes et éclairés, et l'on crut même que ce rapport tout entier pouvait servir de préservatif populaire contre le fanatisme et l'intolérance, car on en ordonna l'envoi dans les départements (1), et, à plusieurs reprises, l'affiche dans la capitale.

« Si M. Laporte, en envoyant ceile pièce à Louis XVI, lui a écrit que je paraissais désirer servir Sa Majesté, s'il lui à parlé de mon zèle et de mon crédit parce que je voulais, avec tous les patriotes de l’Assemblée constituante, faire consacrer la liberté générale des opinions religieuses, où le roi devait trouver, comme tous les citoyens, sa liberté particulière, M. Laporte s'est servi d'une expression très inconvenable (sic). Mais d'après quels principes de justice puis-je être décrété d'accusation parce que M. Laporte s'esl mal exprimé ou à cherché à faire valoir son zèle auprès du roi par des espérances imaginaires ? Les faits que je viens de rapporter suffisent, par leur rapprochement, pour expliquer le véritable sens des expressions de M. Laporte.

« Je n'ai plus qu'un mot, et ce mot suffira à tout homme d’honneur qui sait reconnaitre dans les autres et les principes et le langage.

« Cest le 19 de ce même mois d'avril que je rédigeais cette fameuse adresse du département, adresse que les patriotes appelaient alors républicaine (2). Je prie les hommes justes qui ont accordé quelque estime à ma conduite politique dans le cours de la Révolution de relire cette adresse, et de se demander si l’homme qui adressait au roi de telles paroles le 19, qui les lui portait le 20 au matin, et qui n'ignorait pas de quelle manière elles avaient été reçues, pouvait, le 21, faire parler au roi de son zèle pour lui.

« L'explication que je viens de donner suffit, je pense, à une justification et à la demande que je forme du rapport de mon

décret d'accusation. « Signé : TALLEYRAND. »

« P. S.— J'ai lu dans plusieurs papiers publics que j'ai payé le passeport avec lequel je suis venu en Angleterre. Je dois à la

(1) Mes conclusions n'étaient pas aussi étendues, je me bornais à demander, quant à présent, l'exécution de l'arrêté dans le département de Paris.

(2) V. la reproduction de cette pièce à la page 10-11 de ce travail, Ire Partie. — R.