Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

238 DANTON ÉMIGRÉ, No 91. DE$ NÉGOCIATIONS DE PAIX EN 1793

Contrairement à toute vérité, à toute certitude historique, les cosmopolites ont accusé Danton d'agissements criminels dans la direction de la politique extérieure de la République.

« Le grand tripoteur », comme ils veulent bien l'appeler, ne croyant pas que la France, réduite à ses seules forces, pût résister à la coalition, — et qui donc, mieux que lui ou même autant que lui, a cru et contribué à cette résistance ? — s'était constamment efforcé d'arriver à un arrangement avec les puissances, à n'ünporte quelles conditions : l'évacuation de la Hollande, l'abandon de la Savoie et de la Belgique, la reddition de Mayence, le renvoi en Autriche de la reine et de ses enfants, la mise en liberté des d'Orléans, l'abandon de la politique populaire pour plaire aux hauts bourgeois et les rallier, afin de rendre aux affaires leur activité! et quoi encore... pour un peu ils auraient affirmé, quelques-uns n’ont pas hésité à le faire, — que la cession de cerfaines places du Nord et du Midi aux Anglais et aux Espagnols rentrait aussi dans « son jeu », ef qu'il désorganisait la défense nationale au profit de l'étranger (4).

Ces aveuglements de l'esprit de parti, dans tous les temps et dans tous les lieux, sont la honte de la nature humaine.

Cependant, & n'y a pas de fumée sans feu, dit le proverbe; on devrait donc retrouver dans les documents de cette époque ceux qui ont pu servir de prétexte à des imputations aussi graves.

(1) V. Avenel : Anacharsis Cloots et Lundis révolutionnaires.

Îl est au moins piquant d'entendre les Girondins s'associer à de pareilles clameurs. L

On se rappelle, en effet, que leur homme d’État, Brissot, a été formellement taxé par Governor Morris, plénipotentiaire des ÉtatsUnis près le roi de France, dans une lettre qu’il écrivait à Washington le 7 février 1792, du fait suivant :

« Dans le comité Diplomatique de l’Assemblée, M. de Warville a proposé la cession de Dunkerque et de Calais à l'Angleterre, comme gage de la fidélité de la France aux engagements qu’elle pourrait contracter. » — (Mémorial, T. Il, p. 114).

Rien d'équivoque, du reste, et de malveillant pour notre pays comme l’attitude de ce représentant de république qui nous desservit constamment, pour ne pas dire plus, au bénéfice de l’'Angleterre (Archives des Affaires étrangères).