Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

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vérilé de déclarer que cette allégation est absolument fausse. Rien ne pressait mon retour en Angleterre; je ne suis parti de Paris qu'au milieu du mois de septembre (1799), et j'ai été près de huit jours en route (1). »

La mise en accusation décrétée par la Convention à la suite de la dénonciation faite dans un rapport officiel rédigé par Ruhl au nom de la commission des Douze, renouvelée par un certain Viard (2), et apportée par Chabot à la tribune de l’Assemblée le 7 décembre 1792, n’eut pas de suite en ce sens qu’elle ne fut suivie d'aucune action judiciaire: Talleyrand ne fut traduit devant aueun tribunal ; il n’y eut, en ce qui le concerne, ni enquête, ni instruction, ni acte d'accusation, ni jugement. Il demeura à Londres, où il continua ses négociations jusqu'à la trahison de Dumouriez, et après, sans aucun doute, son rôle d'intermédiaire entre les Whigs et les Montagnards. Ce n’est qu'à la fin du mois de février 1794

(1) Nous croyons trouver la confirmation de ce post-seriplum dans une lettre de Noël à Danton, écrite de Londres le 1# sep-

tembre 1792, où il est dit, enlre autres : «..….. T. a passé, il est ici. » — (Archives nationales, Cart. des lrib. rév., cote AF, II, 63.) — R.

(2) Achille Viard, agent secret envoyé à Londres par la partie avancée du comité de Sûreté générale.

Le passage du rapport de Rubl relalif à Talleyrand n'est autre que la citation de la lettre de Laporte à Louis XVI, datée du 22 avril 1791, où il est dit :

« Sire, j'adresse à Votre Majesté une lettre écrite avant-hier et que je n'ai reçue qu'hier après-midi. Elle est de l’évêque d'Autun, qui parait désirer de servir Votre Majesté. Il m'a fait dire qu’elle pourrait faire l'essai de son zèle et de son crédit et lui désigner les points où elle désirerait de l'employer. » — (Moniteur, n° 311, 6 déc. 1792.)

Quant à l'accusation d'Achille Viard, elle est absolument insignifiante; la voici, telle qu’elle résulte de sa déposition à la barre de la Convention nationale :

« Arrivé à Londres, je fus bien accueilli par M. d'Aiguillon. Il m’envoya chez M. Narbonne, J'y trouvai M. Dubarry, M. Talleyrand, des ci-devant évêques et des ci-devant seigneurs... Je leur annonçai mon départ. Alors M. Talleyrand me dit : «Je vous « chargerai d'un paquet pour M. Fauchet. ».. Mais ces messieurs changèrent apparemment de résolution et ne me confèrent point leurs paquets. » — (Moniteur, n° 345, 1192.)