Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

30 DANTON ÉMIGRÉ.

50 Enfin et surtout, les relations qu'il ne cessa d’entretenir à Londres, depuis le mois de septembre 1792 jusqu'à sa mort, avec un homme comme Talleyrand.

Il y a bien encore un autre moment de l’histoire où Danton fut accusé d'avoir émigré! C'est au mois de septembre 1793, lorsqu'après l'immense effort qu'il avait soutenu depuis plus d’un an et auquel on doit, entre autres : le renversement du trône, l'installation de la République, la grande réquisition et l'établissement du gouvernement révolutionnaire, il voulut aller se remettre, à Arcis, de tant de luttes et de travaux, et y prendre le repos indispensable au rétablissement de sa santé.

Les Hébertistes, soufflés par une puissance encore occulte, mais qui allait bientôt leur devenir à eux-mêmes si funeste, répandirent alors que le tribun s’était retiré en Suisse pour y mettre à couvert ses rapines et concerter avec l'étranger le rétablissement de la monarchie en France, avec « le petit Capet » pour roi.

Ce fut au point que Robespierre crut devoir relever ou consacrer, Comme on voudra, aux Jacobins, les racontars qui se débitaient sous cape. La scène eut lieu le 13 frimaire an II (3 décembre 1793) :

« Robespierre : — Danton! tu es accusé d'avoir émigré; on a dit que tu avais passé en Suisse; que ta maladie était fente, pour cacher au peuple ta fuite; on a dit que ton ambition était d’être régent sous Louis XVII; qu'à une époque déterminée tout a été préparé pour le proclamer; que tu étais le chef de la conspiration; que ni Pitt, ni Cobourg, ni l'Angleterre, ni lAutriche, ni Ia Prusse n'étaient pas nos véritables ennemis, mais que c'était toi seul; que la Montagne élait composée de tes complices; qu'il ne fallait pas s'occuper des agents envoyés par les puissances élrangères; que les conspiralions étaient des fables qu'il fallait mépriser; en un mot qu'il fallait t’égorger! » — (Moniteur, 1793.)

Il est vrai qu'aussitôt l'Incorruptible réfuta toutes ces calomnies, dont il était, du reste, le promoteur caché, et qu’il donna à Danton un certificat de bonne conduite qui le fit maintenir sur la liste des Jacobins ; mais le Coup