Du role des légistes dans la Révolution : discours prononcé à l'audience solennelle de rentrée la 3 novembre 1880

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Durant la nuit du 4 août 1789, MM. de Montmorency et le jeune marquis de Noaïlles avaient d'eux-mêmes proposé l'abolition des titres de noblesse.

« L'avenir s'ouvrait de tous côtés ; ils renoncèrent à « dater du moyen-âge, parce qu'ils pensèrent que la « nation entrerait avec transport dans cet esprit d'éga« lité, et qu'en perdant un titre féodal, ils pourraient « au moins acquérir le titre de citoyens. »

L’effondrement fut général. « Point d'efforts, point de « résistance; le sentiment de l'irrésistible, de lirrévo« cable; l’ancien régime que tous désespèrent également « de défendre et qui s’évanouit dans l’ombre; un enfan« tement sans douleurs et sans cris; puis une aurore « inconnue qui se lève après ces ténèbres fécondes. « Voilà la nuit du 4 août. Pas une voix ne s’éleva pour « retenir l'inégalité civile. Il y eut l'unanimité que la « nécessité impose. Les hommes constatèrent la ruine, « plutôt qu'ils ne la firent » {1).

Le vœu d'égalité émis par les notables et par l’ordre de la noblesse fut réalisé par les arrêtés de cette nuit célèbre. Les privilégiés offrirent de supporter la charge des impositions pour le dernier semestre de 1789; ils comprenaient 200,000 familles, et la charge répartie sur celles-ci donna 36 millions.

Mais ce n’était point tout que d’avoir voté et proclamé dans un admirable élan la destruction du régime féodal. Il existait encore des droits provenant de la féodalité contractante qui devaient être rachetés. Merlin de Douai fut chargé de les faire connaitre et d'indiquer les nouvelles dispositions appelées à remplacer les droits anciens. .

Il examina tous les droits féodaux, et dans cette

(1) Edgar Quinet. La Révolution. T. fer, p. 178-179.