Du role des légistes dans la Révolution : discours prononcé à l'audience solennelle de rentrée la 3 novembre 1880
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marquis de Lons, lieutenant du Roi, et l’intendant, M. de Boucheporn, firent enregistrer ces mêmes édits, le peuple soutint de ses acclamations le Parlement de Navarre chassé de ses siéges par la maréchaussée. Le 19 juin 1788, il ramena en triomphe au Palais de Justice, le premier président, le marquis de Lacaze.
Malgré cet enthousiasme d’un jour, les Parlements disparurent sans laisser de regrets et sans provoquer le moindre trouble, comme les fantômes de la nuit s'évanouissent aux lueurs éclatantes du soleil qui se lève.
Le Parlement de Paris avait réclamé au ministre des finances, M. de Brienne, des états de situation, avant de procéder à l'enregistrement des édits. « On demande «des états, s’écria un conseiller-clerc, Sabatier de « Cabre, ce sont des États-Généraux qu'il nous faut. »
Mais ces États-Généraux, le Parlement proposait de les convoquer suivant le mode adopté en 1614, époque de leur dernière réunion.
Le Parlement de Paris et l'institution même des Parlements moururent de cette étrange et trop vieille idée.
Aussi le 3 novembre 1789, Alexandre de Lameth demanda-t-il que les vacances judiciaires fussent prolongées. Thouret appuya la proposition, et ces vieux Parlements qui avaient rempli l’histoire de notre pays de leurs travaux, du bruit de leurs débats, de leurs plaintes, disparurent sans qu'un seul Constituant se levât pour les défendre. « Nous les avons enterrés tout «vivants »,murmura Lameth. Cette indifférence fit place à la colère, lorsque le Parlement de Rennes refusa d'enregistrer les décrets de la nuit du 4 août. Les membres de la chambre des vacations furent mandés à la barre de l'Assemblée. Elle déclara, après un débat de