Du role des légistes dans la Révolution : discours prononcé à l'audience solennelle de rentrée la 3 novembre 1880
108 JE
de treize ans? Quelle protection s’étendait sur leur faiblesse? Quelle expérience venait au secours de leur ignorance ?
Mais ce n’est pas tout, Messieurs, et il allait de soi que le mariage devait, par une logique nécessaire, être dissous aussi commodément qu’il avait été contracté. Le divorce, qui à eu depuis lors des fortunes diverses, fut introduit dans le mariage « au nom de la liberté indivi« duelle, dont un engagement indissoluble serait la « perte. »
Question grave, Messieurs, et qui divise les meilleurs esprits; agitée au théâtre, traitée dans les livres, discutée demain à la tribune. Solution réclamée par des hommes éminents, dont la modération est connue et s'affirme, et combattue par des adversaires résolus que ne sauraient ni émouvoir ni convertir les scandales les plus bruyants et les malheurs les plus irréparables. Solution, du reste, qui ne pourrait, en aucun cas, présenter aujourd'hui les mêmes caractères que ceux de la loi de 1792, et qui ne permettrait plus le divorce par consentement mutuel. Le mariage n’était dans de pareilles conditions, qu'un honteux libertinage ! Les défauts d’un caractère incorrigible, les bassesses d'une âme corrompue, les irrégularités de la condition civile, les tâches indélébiles qui souillent et déshonorent, étaient impuissants à retenir deux êtres énivrés par les passions sensuelles qui se voulaient unir l’un à lPautre. Lorsque la satiété était venue, ils se délaissaient en jetant dans la circulation publique les enfants issus de leur commerce d’un jour !
Le législateur de 1792 ouvrit les portes à la mobilité, au caprice. Du mariage, qui doit être le rapprochement de deux âmes, il fit le rapprochement de deux chairs!
Il n'était pas besoin d’aller jusqu’à la dernière consé-
Lt