Du role des légistes dans la Révolution : discours prononcé à l'audience solennelle de rentrée la 3 novembre 1880
NS
l'Assemblée constituante; la seconde, l’Assemblée législative et une partie de la Convention.
Je me propose de mettre en relief l'œuvre de ces légistes, les successeurs des légistes du XVI° siècle, les émules de Pothier, de Thou, d'Aguesseau ; leur rôle et leur influence dans des assemblées politiques si agitées et si puissantes, au milieu desquelles ils apparaissent comme des phares lumineux au sein des flots soulevés par les tempêtes.
Ce n’est point là, Messieurs, un sujet indigne de vous, puisque les légistes, sortis des rangs du barreau, ayant vécu de la vie même des parlements, voués au culte du droit et à la défense des lois, ont contribué à organiser le pouvoir judiciaire qui réside en vos mains. Ce n'est point là non plus un sujet incompatible avec la gravité paisible de cette imposante cérémonie.
I
Dans un pays asservi depuis des siècles, seuls les livres ne pouvaient animer les esprits, leur donner une dernière et irrésistible impulsion et faire passer dans les faits une révolution déjà accomplie dans les idées. Décrire les abus de l’ancien régime, les vices de la royauté, les priviléges monstrueux, les lois criminelles les plus révoltantes, cela avait été déjà fait; mais il était nécessaire de réunir tous les efforts généreux dans une suprême tentative; il fallait animer et enflammer toutes les volontés. Les livres, avec leurs froides conceptions, avaient bien déterminé les convictions; mais ils étaient impuissants à provoquer l'enthousiasme qui réchauffe les cœurs et décide de la victoire.
Il convenait donc, pour répandre la vie nouvelle, de chercher une autre voie.
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