Éloge de Vergniaud : discours de rentrée prononcé à l'ouverture des conférences de l'ordre des avocats de Bordeaux, le 4 janvier 1875
leur haine veut immoler! Ils veulent la guerre civile, les hommes qui appellent les poignards contre les représentants de la nation, et l'insurrection contre les lois! Ils veulent la guerre civile, les hommes qui demandent la dissolution du Gouvernement, l’anéantissement de la Convention ! Ils veulent la guerre civile, les hommes qui accusent la raison d'un feuillantisme perfide, la justice de déshonorante pusillanimité, et l'humanité, la sainte humanité, de conspiration ; ceux. qui proclament traître tout citoyen qui n’est pas à la hauteur du brigandage et de l'assassinat; ceux enfin qui pervertissent toutes les idées de morale, et par des discours artificieux, des flagorneries hypocrites, ne cessent de pousser le peuple aux excès les plus déplorables! »
Examinant alors quelles pourront être les conséquences de la mort du roi, il montre les puissances prêtes à fondre sur la France, la famine venant joindre ses horreurs aux maux de la guerre, l'épuisement des finances, les assignats, la misère. « Craignez, s’écrie-t-il, qu'au milieu même de ses triomphes, la France ne ressemble à ces monuments fameux qui, dans l'Égypte, ont vaincu le temps : l'étranger qui passe s'étonne de leur grandeur; s’il veut y pénétrer, qu'y trouve-t-il ? des cendres. inanimées et le silence des tombeaux ! » Il montre les factieux imputant tous ces désastres à la condamnation précipitée de Louis, et reprochant à la Convention d’avoir fait, « au nom du peuple et au mépris de sa souveraineté méconnue, un acte de vengeance devenu le prétexte ou la cause d'événements si calamiteux ; » Paris, enfin, en proie à l'anarchie, et « asservi à une poignée de brigands, rebut de l'espèce humaine, qui s’agitent dans son sein et le déchirent par les mouvements convulsifs de leur ambition et de leur fureur. » « Qui pourrait habiter une cité où’ régneraient la désolation et la mort ? Et vous, citoyens industrieux, qui avez fait de si grands sacrifices à la Révolution, et à qui on enlèverait les derniers moyens d'existence: vous, dont les vertus, le