Étude historique et biographique sur Théroigne de Méricourt
96 THÉROIGNE DE MÉRICOURT.
Mais un incident de la matinée, avant l'attaque du château, a surtout attaché le nom de la belle Liégeoïse au souvenir du 10 août. Dans la nuit du 9 au 10, la garde nationale avait arrêté, aux environs des Tuileries et au bas des Champs-Elysées, des gens à l’allure suspecte, royalistes armés qui se disposaient à venir renforcer les Suisses. Ces personnes furent conduites à la section des Feuillants et enfermées au poste. Peltier raconte‘ qu’à huit heures et demie on amena à la section des Feuillants, présidée ce jour-là par Bonjour, cidevant commis au ministère de la marine, un jeune homme de trente ans?, arrêté sur la terrasse, en bonnet et en uniforme de garde national. La fraicheur de son habit, l'éclat de ses armes, « la beauté de ses formes », dit Peltier, l’avaient fait remarquer. C'était Suleau, le royaliste bien connu, l’ancien condisciple de Camille, le rédacteur intempérant des Actes des Apôtres, celui qui dans ce journal avait si longtemps poursuivi Théroigne de ses sarcasmes outrageants, et dans le Tocsin des rois s’était montré l'adversaire acharné de la révolution de Liège. Suleau portait un ordre de
1. Histoire de la Révolution du 10 août, t. L., p. 149 et suivantes. 2. Suleau, né en 1757, avait trente-cinq ans.