Étude historique et critique de l'impôt sur le sel en France : thèse pour le doctorat

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grandes et petites gabelles de 36.000 gabelous (1), pris « parmi les animaux les plus terribles » et cueillis dans la lie du peuple. Fort mal payés, ces commis sans honneur, qui ne se distinguaient « que par leurs friponneries » (2), « se prêtaient volontiers aux manœuvres des contrebandiers, lorsque leur intérêt s’y trouvait joint » (3), ou les relâächaient moyennant composition ; car le bénéfice illégal de la contrebande était un fruit auquel entendaient mordre ceux mêmes qui étaient préposés à la surveillance ou à la manutention de l'impôt.

Le législateur avait dû prévenir la collusion entre les officiers et commis de la Ferme et les fraudeurs. Si l'officier ou le commis coupable de faux saunage était en activité, le seul châtiment était la mort; si le faux saunier n’est plus préposé au service des fermes du roi, ce sont les galères pour einq ans et 500 livres d'amende (déclaration du 2 août 1729). Les employés convaincus de vol dans le transport de la saline au grenier étaient « pendus et étranglés comme voleurs domestiques » (édit de juin 1660, art. 12).

Les troupes, mal disciplinées, et souvent aussi mal payées, prêtaient leur concours, tantôt aux archers de la gabelle, pour assurer la répression de la fraude, tantôt aux contrebandiers, pour participer aux bénéfices très lucratifs du commerce du sel non

(1) BouzamviLiers. Memoire concernant les moyens d’établir le droit d'amortissement des gabelles, p. 54.

(2) Cahier de Villechauve. À. P.T. VI, p. 59 (3) Cahier de Neauphle le Château. A. P. T. IV, p.750, art. 9. ,