Étude historique et critique de l'impôt sur le sel en France : thèse pour le doctorat

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Ceux là mêmes qui étaient officiellement chargés de la délivrance du sel ou du contrôle de l'impôt, les collecteurs ruraux et les voituriers par eau « qui feignaient de faux naufrages », les Trésoriers de France et les officiers des greniers, qui « prenaient une part dans les bénéfices du faux. saulnage », ne pouvaient résister à la tentation de s’enrichir, que faisait naître en eux le prix exagéré du sel gabelé, dont ils étaient les dépositaires (édit de janvier 1639).

Les voituriers chargés du transport des sels dans les petites gabelles employaient tous les moyens pour en retirer quelques parcelles des sacs qui leur étaient confiés. Souvent même ils parvenaient à écarter tout soupçon de cette manœuvre en recousant les sacs sans qu'il y parût, après leur avoir rendu leur poids primitif par une addition de terre ou de sable. En grandes gabelles, on avait dû, pour prévenir ces délits, organiser des convois de sel de 25 à 30 voitures, que l’on faisait escorter par une troupe suffisante de gabelous.

Les propriétaires de marais livraient le sel aux grenetiers « aussitôt qu’il était congelé et sans être assalé, ce qui était malsain pour le corps humain et gâtait les viandes salées et les fromages »; les grenetiers « ne suivaient pas pour la vente l’ordre des livraisons qui leur avaient été faites »; le sel qu’ils vendaient, n’ayant pas séjourné deux ans dans les greniers, n'avait pas le temps de sécher et par suite salait beaucoup moins, ce qui faisait augmenter la consommation.

Les officiers des greniers, grâce à un ingénieux stratagème, trompaient sur le poids en livrant des minots inférieurs à cent livres. On mesurait le sel