Étude historique et critique de l'impôt sur le sel en France : thèse pour le doctorat

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encourir les rigueurs de da loi, « si l’on n’était revêtu d'une grande autorité et sûr d’en imposer par son rang où sa place aux visites des commis ». Le simple particulier assez osé pour se livrer à cette épuration était « poursuivi comme faux saunier, car son sel ne ressemblait plus à celui de la gabelle ; il fallait qu'il mangeât la terre dont on l'avait chargé » (1).

La paroisse de Maule sur Maudre, dans le cahier de ses doléances en 1789, protesta énergiquement contre cet abus: « Que défense soit faite dorénavant, y lisons-nous, d'y mettre de la terre; il n’est pas juste de faire payer de la terre 13 sous la livre au peuple, comme le grenier de Poissy est dans l’habitude de le faire à notre égard » (2).

Et à ces corps étrangers s’ajoutaient les immondices que communiquaient au sel par leurs chaussures les délivreurs et les chargeurs dans les greniers (3).

On devine aisément le zèle, l’incessante activité que déployaient les gabelous pour découvrir la fraude” continuelle, qui se pratiquait à l’occasion de la gabelle.

La Ferme, en même temps qu’elle augmentait le nombre des délits, multipliait ses formalités administratives, ses procédés odieux, ses abus d’autorité.

Les gardes-sel, non contents de fouiller « injurieusement en plein marché dans les habits de chacun

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(1) Tiers Etat de Nemours, A. P. T. IV, p.135. (2) A. P. T. IV, p. 689, art. 7.

(3) Paroisse de Fernouillet sur Seine. À. P. T. V, p. 468, art. 41.