Étude historique et critique de l'impôt sur le sel en France : thèse pour le doctorat

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sans épargner ni âge, ni sexe, ni condition » (1) étaient autorisés à visiter au moins une fois par semaine les maisons, caves, écuries et bergeries, pour s'assurer qu'aucune contravention n'avait été commise (art. 20, titre XVII, ord. 1680).

Ils cherchaient « jusque dans les coins les plus reculés et portaient quelquefois eux-mêmes du faux sel, pour avoir prétexte de faire de la peine à ceux à qui ils voulaient du mal » (2). « Si les archers de la gabelle, rapportent les cahiers de la noblesse en 1614, trouvent du sel dans une maison. ils diront qu'il est faux, jetteront dans quelque lieu secret du logis un sachet plein de faux sel, et feront là-dessus procès-verbal pour faire payer aux pauvres gens une grosse amende... D’autres pendards empruntent une casaque d’archer, et sans commission, ni mandement, vont fourrager et voler cent familles ; lesquels seront avoués des grenetier$ et des commis, parce qu'ils en tireront profit » (3). Et les cahiers d’Alençon, en 1789, achèvent de nous édifier sur les tristes mœurs des gabelous: lorsqu'un gabellant, disent-ils, est en retard dans sa consommation, «il voit arriver chez lui un capitaine de gabelles, accompagné d’une escouade d’archers, qui entrent avec autant d’insolence que de brutalité, fouillent la

(1) RosiscarD De BeaurepaIRE. Cahiers des États de Norm andie. T. I, p. 184 (2) Vausan. Dime Royale, édit. Guillaumin, p. 81.

(3) La Louncé #r Duvaz. Recueil sur les États généraut. T. XVI, p. 247.