Étude historique et critique de l'impôt sur le sel en France : thèse pour le doctorat

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maison », visitent le buffet, le saloir, le cellier, goûtent la salière, remuent jusque dans les lits; « S'ils trouvent un peu de lard, de beurre, ils le saisissent, et le particulier ne parvient à se faire restituer qu'en les faisant boire et en leur lächant un écu » (1).

Personne n’était à l’abri de ces recherches inquisitoriales, ni de ces cruelles vexations.

Sans doute l’article 3 du titre XIX de l'ordonnance des gabelles n’avait permis aux capitaines, archers et gardes de visiter les maisons des ecclésiastiques, nobles et bourgeois notables, qu’en vertu de la permission écrite d’un officier des greniers à sel, si ce n'est au cas de poursuite des faux sauniers en flagrant délit ou d'avertissement qui pouvait leur être donné à la campagne dans l’exercice de leurs fonctions. Mais les lettres patentes du 13 octobre 1722, se départissant de cette sage réserve, sans égard à la qualité du particulier soupçonné de fraude, permirent aux capitaines généraux des fermes de pénétrer quand bon leur semblait dans les maisons des ecclésiastiques, nobles et bourgeois, en se faisant accompagner d’un garde ou de deux témoins. Aussi, écrit le Trosne, « sachons gré au fermier qu'il use avec modération d’un droit qui nous met tous à sa disposition » (2).

On peut avec raison s’étonner qu'une seule exception, dictée par la morale, ait pu se glisser dans

(4) Caawrion. La France d'après les cahiers de 1789, p. 109.

(2) Le Trosne. Admünistration provinciale, p. 140.