Étude historique et critique de l'impôt sur le sel en France : thèse pour le doctorat

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Le prix élevé du sel interdit également d’en donner aux animaux; le bétail languissant ne présente plus « cet embonpoint qui flattait le marchand » (1). Souvent même il faut éloigner les bestiaux des sources salées ou des bords de la mer, où les dirige l'instinct de la conservation. L'usage des eaux salées naturelles est sévèrement puni, quel que soit l'emploi qu’on en veuille faire, par une amende et la destruction des cruches et des vases (déclaration du 22 février 1724). L'intérêt de la Ferme lui commande de limiter la production du sel; aussi envoie-t-elle chaque année dans les régions où il s’en forme naturellement des gardes qui ont pour mission de le rejeter à la mer ou de veiller jusqu'à ce que les pluies l’aient fait fondre. En Provence, ils forment « la Bande Noire » (2).

Le commerce est paralysé par l'application de règlements qui conduisent aux pires absurdités.

Les verriers et les salpêtriers étaient obligés de garder le sel de leurs cuites pour le représenter aux commis qui le submergeaient, car l’usage de ce sel était défendu à peine de faux saunage (arrêt du 21 juillet 1719). Les tanneurs et les corroyeurs, qui emploient le sel dans leur industrie, étaient autorisés à s’en faire délivrer par la Ferme au prix déjà bien cher de 4 sous la livre: « mais, Ce qui fait dresser les cheveux, elle l’empoisonnait en ce cas avec du vert de gris ou de l’arsenic, afin que la peine de mort fût portée par le fait même contre celui qui

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(4) Clergé de Bussigny, A. P. T. IL, p. 222, art. 6. (2) Le TROSNE, 0p. cit. p. 443.