Ferdinand IV et le duc d'Orléans : Palerme, 9-17 Mars 1813

FERDINAND IV ET LE DUC D’ORLÉANS

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comme il l’aurait dû à la défense de la Sicile et qu'il en avait toujours laissé le poids aux troupes anglaises, le Roi me dit :

— Ah! ceci pourtant est un peu trop fort, tandis que j'ai toujours eu plus de troupes que mes moyens ne me permettaient d'en payer!

— Oui, Sire, mais malheureusement Votre Majesté ne peut oublier qu'en 1810, lorsque Murat vint en Calabre avec

toutes ses troupes, et que les Anglais vous demandèrent d'en-

voyer des troupes à Messine. vous ne l’avez point fait.

— Ah! mon Dieu, oui, me ditl, cela n'est que trop vrai, vous n'avez que trop raison, c'était une grande faute.

— Votre Majesté se rappelle-t-Elle que, dès le printemps de cette année, j'avais moi-même soumis une opinion par écrit à Votre Majesté sur la nécessité d’arranger avec les chefs anglais un plan général de défense et de coopération pour la défense de la Sicile, que Votre Majesté m'avait fait la grâce de vouloir que j'allasse à Messine pour faire cet arrangement avec les chefs anglais, mais que, ma personne n'ayant pas été agréable à cette époque, ni aux Anglais, ni aux personnes qui avaient la confiance de Votre Majesté, l'affaire en resta là, rien ne fut conclu, et Votre Majesté n'envoya pas un homme pour coopérer à la défense du royaume

— Je m'en souviens à merveille, reprit le Roi, que voulezvous que Je vous dise? Je suis juste et franc, je vous dis que vous avez raison. Dieu, qui voit mon cœur, sait si J'ai Jamais voulu manquer, mais cela a été une grande faute.

— Oui, Sire, mais c’est que ces fautes-là laissent des traces indélébiles et qu'il devient bien difficile de les réparer.

— Ah! sans doute; que voulez-vous que je vous dise? Vous

avez raison; continuez la lecture.

Lord William se plaignait qu'en 1811 le Roi avait réuni et entretenu à Palerme une force étrangère considérable dans des vues hostiles pour l’Angleterre, et qu'il avait fomenté parmi ses troupes des sentiments également hostiles à l’Angleterre. Le Roi s’écria :

— Quelle absurdité que celle-là! est-il possible d'entendre de sang-froid de ces choses-là? Cela n'est-il pas horrible? Venir me dire ces choses-là, à moi, le meilleur allié que