Ferdinand IV et le duc d'Orléans : Palerme, 9-17 Mars 1813
FERDINAND IV ET LE DUC D'ORLÉANS 19
l'Angleterre puisse avoir, à moi, qui ai perdu deux fois le royaume de Naples pour être fidèle à l'alliance anglaise!
— Mais, Sire, si Votre Majesté me permet une observation, il est cependant de fait que Votre Majesté avait réuni ici une force de soldats étrangers d’environ vingt mille hommes, par conséquent le double de ce que Votre Majesté pouvait raisonnablement entretenir, et que d’une part on croyait en imposer aux Anglais par cette réunion, de l’autre on croyait se mettre en mesure de défendre Palerme contre eux, s'ils l’attaquaient. Sa Majesté la Reine n’en faisait pas mystère, et, si Votre Majesté me permet de le dire, cela était absurde, car cette réunion de troupes que vous ne pouviez pas payer, que vous ne pouviez pas armer, que vous ne pouviez pas nourrir, sufisait seule pour vous rendre, par famine, aux Anglais. Je l'ai dit cent fois à la Reine.
— Eh ! qui peut nier cela? me dit le Roi; moi, jel’ai toujours dit, c'était une absurdité que cette réunion de troupes; cela ne pouvait nous servir qu'à nous casser le col. J'en conviens franchement, c'était une grande faute. Ah! sur cela vous avez toute raison.
— Je suis bien aise que Votre Majesté approuve mon Opinion. — Eh! il n'y a rien à dire à cela.
— Et Votre Majesté ne peut pas disconvenir non plus que le langage de toutes ses troupes était en général hostile à l'Angleterre, et que quiconque osait professer de l'attachement ou de la partialité pour l'Angleterre était suspect et mal vu de la Cour. Elle sait que je l'ai éprouvé moi-même d’une manière assez pénible, et malheureusement Elle ne peut pas avoir oublié non plus que pour être protégé ou avancé, ou seulement pour ne pas être accusé de trahison, il fallait se piquer de haïr l’Angleterre et les Anglais. Votre Majesté ne peut pas avoir oublié tout cela.
— Eh! sûrement non, que je ne l’ai pas oublié. Que voulezvous que je vous dise? Moi, je suis de bonne foi. Tout cela n'est que trop vrai. Mais enfin, continuez la lecture.
Quand j'arrivai à la partie de la note de lord William qui était relative à la Reine, le Roi m'arrêta et me dit :
— Cet article est terrible. De cela, je dois en convenir, ül