Ferdinand IV et le duc d'Orléans : Palerme, 9-17 Mars 1813

FERDINAND IV ET LE DUC D'ORLÉANS 23

déclaré à son tour que, tout étant arrangé, Elle pouvait revenir prendre le pouvoir. Quelle différence pour vous, Sire ! Au lieu d'entrer dans votre capitale furtivement et en cachette, le prince, votre fils, avec tous les grands du royaume, les chefs de la nation et tout le peuple auraient été vous recevoir hors des portes de la ville. Lord William Bentinck y aurait été lui-même avec tovs les chefs anglais. Les troupes anglaises auraient formé la haie dans les rues avec les vôtres : vous seriez entré dans la ville avec toute la pompe royale, au bruit des cloches et de l'artillerie. Vous auriez été comme en triomphe, au milieu des acclamations générales, assister au Te Deum d'actions de grâces à la cathédrale. Rien n'eût été plus beau pour vous, Sire, et rien n’eût été plus efficace pour étouffer toutes les divisions et réunir tous les partis. Voilà ce qui était digne de vous, digne d’un Roi, et voilà ce qui serait arrivé si vous aviez agi de concert avec le ministre d’Angleterre; mais vous avez suivi des conseils contraires, et vous voyez où cela vous a conduit |

— Ah! ne le dites pas. Je ne sais que trop la sottise que j'ai faite. Que voulez-vous que je vous dise? Ho fatio una bestialità, je vous le dis sincèrement ; j'ai fait une bêtise, mais que voulez-vous que j'y fasse? Elle est faite !

— Hélas ! oui, Sire, elle est faite, mais c’est parce qu’elle est faite qu'il est difficile de la réparer.

Dans le courant de la conversation, J'eus encore occasion de faire sentir au Roi la grande faute qu’il avait commise en refusant de recevoir les preuves que lord William lui avait dit avoir de la correspondance de la Reine avec les Français, et je lui dis, à ce sujet, qu'il aurait dû faire de deux choses l'une : ou aborder la question franchement, sila Reinese sentait de force à en soutenir l'examen, et confondre les calomniateurs, ou, dans le cas contraire, engager lord William à étouffer l'affaire et la finir en faisant partir la Reine pour l’Allemagne, comme Sa Majesté avait toujours dit qu’elle voulait le faire. Le Roi convint, sur cela comme sur tout le resie, que J'avais raison, mais que je ne savais pas ce que c'était que faire faire quelque chose à la Reine quand elle ne voulait pas le faire, que je lui rendraisun grand service si je pouvais lui trouver un moyen de la faire partir, mais que je ne savais