Ferdinand IV et le duc d'Orléans : Palerme, 9-17 Mars 1813

FERDINAND Ο ET LE DUG D'ORLÉANS 27

une note de votre main, dans laquelle vous diriez « que, comme vous n'avez d'autre intention que celle d'entretenir l'harmonie et l’union la plus parfaite entre l'Angleterre et vous, vous me chargez de demander à lord William ce que vous devez faire pour cela, étant bien décidé à faire tout ce qui dépendra de vous pour y parvenir ».

— Non, me dit le Roï, je ne veux rien écrire ; allez-y tout simplement et parlez-lui de ma part.

— Mais, Sire, oserais-je vous demander d’abord pourquoi vous ne m'écririez pas ce que vous voulez que je dise ? ensuite, si vous ne sentez pas que lord William attachera plus de prix à quatre lignes de votre main qu'à tout ce que je dirai et que Votre Majesté pourra désavouer?

— Ah! me dit-il, c'est que, si je vous donnais cette question par écrit, lord William me ferait peut-être des demandes embarrassantes; il me demanderait peut-être d’abdiquer, et je ne veux pas abdiquer. Je n'abdiquerai jamais, — conti nua-t-il en élevant la voix, comme s’il voulait m'en imposer.

— Sire, si lord William veut en venir à l’abdication de Votre Majesté, croyez bien qu'il saura en venir là sans le papier que je lui demande. Moins vous ferez de pas envers lord William, plus vous le mettrez à son aise, s'il veut en venir à la rupture de l’alliance et à l’anéantissement des traités.

— Cela peut bien être, mais je ne veux pas écrire cela. Dites-le, vous, de vive voix!

— Alors, Sire, ce ne sera pas ma faute si lord William ne met pas autant de confiance dans ce que je lui dirai de votre part qu'il serait nécessaire qu'il le fit pour le bien-être présent et futur de Votre Majesté. Je la prie d'y penser.

— Non, j'aime mieux que vous parliez.

— Eh bien, Sire, c'est comme Votre Majesté voudra, c’est une commission où je n'ai, pour ainsi dire, à trouver que des désagréments, mais, si Je puis contribuer à sauver Votre trône et à empêcher l'interruption de l'harmonie entre l’Angleterre et vous, je me tiendrai pour trop heureux. Votre Majesté n’a qu'à me dire ce qu'Elle veut que je dise de sa part à Bentinck, je le lui dirai exactement, et je Lui redirai tout aussi exactement ce que Bentinck voudra que je lui dise de sa part.