Garat 1762-1823

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d'étonner quelque peu, pour ne pas dire plus, notre futur docteur frais émoulu de sa province, et le premier dîner auquel il assista ne manqua pas pour lui d'imprévu et de pittoresque. Mais laissons la parole au docteur J. Garat : « Je me trouvai à table avec un vieillard plus que septuagénaire, petit, vif, alerte, vigoureux encore, et qui me traita de suite avec la plus parfaite cordialité. La conversation s’engagea malgré ma timidité relative et je fus étonnamment surpris du prodigieux accent de Soubervielle — car c'était le fameux chirurgien Soubervielle — qui habitait Paris depuis soixante ans et gasconnait comme on ne le faisait pas depuis longtemps dans le Gers. J'étais tout yeux et tout oreilles; mais oreilles choquées malgré ma récente arrivée du midi. Oui, jûne hôme, disait-il, Roubespierré a été moun ami et jé m'en fais gloiré et honneur; je l'ai dit à mossieu dé Lamartine qui l’a mis dans son ouvragé sur lés Girondins. — Mais Robespierre, hasardais-je avec hésitation, s’est conduit en scélérat, s’est noyé dans le sang. — Oh! jüne hôme — toujours avec le même accent et la même cha-

leur — oune hôme de sang! loui! le plus probédes 23