Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

8 GENTILSHOMMES DÉMOCRATES

Je perdrais sans rémission celui quim’appellerait en duel au régiment même ; mais à Paris, en habit gris, je serai toujours aux ordres de celui qui voudra me promener au bois de Boulogne.

Ce propos fut entendu par M.de Bray, capitaine, qui, à quelque temps de là, se crutoffensé. Il demanda satisfaction, l’obtint, et donna un coup d'épée à son chef qui ne voulut d’autre punition que de faire nommer son vainqueur major en second(1). Voilà une vengeance qui est la mesure de peu de gens ! Et voilà aussi une façon d'obtenir l'avancement qui, pour être originale, pourrait bien offrir quelques inconvénients! Il faut reconnaître toutefois que les gentilshommes, à cette époque, quelles que fussent leurs opinions sur la souveraineté du roi ou sur celle du peuple, avaient une façon d'entendre l’honneur qui ne rapetisserait pas ceux d’aujourd’hui.

Le vicomte de Noailles revint d'Amérique à la paix. Est-ce du séjour qu'il y fit, des cinq années durant lesquelles il avait assisté à l’éclosion d’une grande nation vivant d'elle-même et comptant sur elle seule, qu'il faut faire dater son respect pour le peuple et la confiance qu’il lui témoignera ? D’autres l'ont cru (2).

Nul n'échappe à l'air ambiant, et l'air ambiant aux États-Unis était saturé d'égalité. [l semble pourtant qu’un soldat, tel que Noailles se montre à nous, devait être plus préoccupé des Anglais et des grenadiers soissonnais que de théories politiques. A la guerre, on

(4) Truc, t. I, chap. xrr, p. 296, (2) La marquise de Montagu. Paris, Douniol, 1865.

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