Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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LES ÉTATS GÉNÉRAUX. L'ASSEMBLÉE CONSTITUANTE 99

la concordance ici encore est parfaite. Mais ce n'était là qu'une phrase dans le rapport d un ministre. On pouvait très bien croire que la volonté du roi n avait pas définitivement prononcé et que la question restait ouverte. Cette Opinion n était as seulement naturelle chez ceux qui faisaient campagne pour Je vote par têtes ; c'était aussi celle des royalistes clairvoyants. « Puisque, disait Rivarol, la nat ion était prête à tout, pourvu qu'elle obtint enfin une Constitution, quelques personnes auraient désiré, ou que le roi eût aboli tout à fait l’ancienne forme de convocation par ordre, comme gothique et née dans des siècles barbares que nous méprisons, ou qu'il l’eût conservée dans son entier. La méthode adoptée réunissait les inconvénients des deux partis. État de choses véritablement déplorable que celui où les contradictoires sont également fondés et les moyens raisonnables également rejetés !t, »

Un autre débat devait précéder et introduire celui-là : c'était la vérification des pouvoirs des députés. Malouet, perspicace, mais chimérique en ce point, aurait voulu attribuer la vérification au Conseil du roi: « Deux grandes questions agitaient tous Les esprits, l'opinion par tête et la vérification des pouvoirs. [l était évident que si l’on ne tranchaït la seconde, on tomberait dans l’abime qu'allait ouvrir la première ; mais qui pouvait contester au roi le droit de vérifier les pouvoirs des députés qu'il avait appelés et qui devaient lui être présentés en cette qualité? N'était-il pas naturel qu'avant cette présen= tation il fit constater qu'ils ayaient été élus suivant les formes

qu'il avait prescriles, sauf à renvoyer à une commission des États généraux le jugement des élections contestées?? » En cela Malouet se trompait. Ce qu'il proposait à Louis X VI de faire, Henri LIT l'avait tenté aux États généraux de 1588. Il avait voulu donner à son (onseil la vérification des pouvoirs, avec quelques réserves analogues à celles que Malouet admettait et il s'était heurté à l'énergique opposition des États. En 1789 elle eût été bien autrement redoutable et triomphante.

Ce fut en effet sur la véritication des pouvoirs que le tiers

r. Journal politique nalional, OEuvres choisies, pa ia 2. Mémoires, &. I, p. 24h.