Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LES ÉTATS GÉNÉRAUX. L'ASSEMBLÉE CONSTITUANTE 101

Salle commune en invitant les deux autres ordres à rester avec Jui pour vérifier les pouvoirs en commun. Plusieurs jours se passèrent en invitations d un côté et en résistance des deux autres. Le tiers sentait bien qu'il ne devait jamais se constijuer ordre ou tierce partie des Etats généraux. Que lui importait en effet d’avoir obtenu la moitié des voix si tant de Noix ne devaient être comptées que pour une? Ne rendait-on

as le bienfait du roi illusoire, en insistant sur la distinclion L. ordres ? D'ailleurs, il ne s'agissait pas encore de la grande délibération par ordre ou par tête, mais de la simple vérification des pouvoirs. Ne fallait-il pas enfin que les députés se conhussent entre eux avant de délibérer ensemble ou séparément!) »

On sait ce qui s'en suivit: le mois de mai et les premiers jours de juin passés en vaines tentatives de conciliation : « on nomma des commissaires alin de concerter un plan de conciliation.. Sa Majesté elle-même en fit dresser un sous le titre d'ouverture et l’envoya aux États généraux? ». On perdait un temps précieux et, pendant ce temps, l'opinion publique, avide de liberté, l'opinion surtout de la capitale, montaiten un flux de plus en plus menaçant et devenait véritablement souveraine. La marche des idées et, par suite, celle de la révolution, s’accélérait avec une vitesse prodigieuse. On peut en juger par la pensée de Sicyès, dont nous connaissons les étapes par ses divers écrits de 1788 et 1789: lui qui, dans Qu'est-ce que le Tiers-État refusait nettement aux futurs États généraux le pouvoir constituant, ya devenir le père ou le parrain de l’Assemblée constituante.

Le 10 juin éclate un coup de foudre. Le tiers état qui, dès le 6 mai, a pris le nom de Communes, est décidé à agir. Il adresse une dernière invitation aux deux ordres privilégiés, les convoquant à la vérification des pouvoirs en commun et déclarant que, faute de leur comparution, il sera passé outre; en même temps, dans une adresse au roi, il rend compte de sa conduite *. Le 12 il arrête qu’il sera procédé à l’appel nominal

1. Journal politique national, dans ses OÆuvres choisies, t. HI, p. 2% Ibidem, p. 13. — 3. Duvergier, 1. I, p. 20.