Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LES ÉTATS GÉNÉRAUX. L'ASSEMBLÉE CONSTITUANTE 107

Jisées par le roi, sur les avis des États. Le vote périodique de l'impôt était bien accordé aux représentants de la nation, mais mon point une véritable participation au pouvoir législatif". Rivarol, dans son Journal politique et national appelle ce document une déclaration des droits.

Le roi, avant de se retirer, résuma ainsi. ses volontés : « Je vous ordonne, Messieurs, de vous séparer tout de suite et de vous rendre demain matin chacun dans les chambres aflectées à votre ordre, pour Y prendre vos séances. J'ordonne en conséquence au grand maître des cérémonies de faire préparer les salles. »

Le roi allait-il être obti? C’eùt été sa souveraineté conserNée, son autorité ralfermie. Les députés de la noblesse et une

artie de ceux du clergé se retirèrent effectivement. Mais les futres, ceux qui avaient déclaré composer l’Assemblée nalionale restèrent en séance. Qu'’allaient-ils décider ? Il ÿ eut, semble-t-il, un moment d'hésitation, une de ces minutes solennelles où se décident les destinées des empires. Ce fut cette fois encore la grande voix de Mirabeau qui fut la VOIX de la Révolution : « Messieurs, s’écria-t-il, j'avoue que ce que vous venez d'entendre pourrait être le salut de la patrie si les présents du despotisme n’élaient toujours dangereux. Quelle est cette insolente dictature} L'appareil des armes, la violation du temple national pour vous commander d'être heureux ? Qui vous fait ce commandement? Votre mandataire. Qui vous donne ces lois impérieuses à Votre mandataire ; lui qui doit les recevoir de nous, Messieurs, qui sommes revêtus d’un sacerdoce politique et inviolable; nous enfin de qui seuls vingtcinq millions d'hommes attendent un bonheur certain, parce qu'il doit être consenti, donné el reçu par tous... Je demande qu'en vous couvrant de votre dignité, de votre puissance législative, vous vous renfermiez dans la religion de votre serment: il ne vous permet de vous séparer qu'après avoir fait la Constitution ?. »

La véritable raison, c’est qu'il était trop tard. En d’autres temps, la charte royale, amendée, eût été acceptable par

1. Jbidem, p. 6. 2. Buchäs et Roux, Histoire parlementaire de la Révolution française, t. I,

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