Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LES ÉTATS GÉNÉRAUX. L'ASSEMBLÉE CONSTITUANTE 115

mise en train contemplent leur œuvre avec étonnement. Les ministres contribuent à la destruction de l’autorité ministérielle, sans savoir ni ce qu'ils font ni que faire. M. Necker, qui croit qu'il dirige tout, est peut-être un instrument tout autant que ceux dont il se sert. Sa chute est désirée, je le crois, mais elle n’arrivera pas aussi vite que ses ennemis le désirent. Cela dépendra beaucoup du chapitre des accidents, de savoir qui gouvernera les États généraux, et si même ils seront gouvernables. Dieux ! quel théâtre que celui-ci pour un premier rôle #1! » — « Je suis d'avis (20 avril 1789), que, si la Cour essayait de reculer, il est impossible de prévoir les événements. Les chefs du parti patriotique sont allés si loin qu'ils ne peuvent. plus battre en retraite avec sûreté. S'il ya quelque vigueur réelle dans la nation, le parti dominant dans les États généraux peut, s’il lui plait, renverser la monarchie elle-même, au cas où le roi commettrait son autorité dans un conflit avec eux. La Cour est extrêmement faible et les mæurs sont si extrêmement corrompues, qu'ils ne peuvent réussir, s'il ÿ à une opposition consistante. À moins que la nation enlière soit également dépravée, la probabilité, je crois, c'est qu'une tentative de recul, au point où en sont les choses, fera tomber la Cour dans un mépris absolu 2. » — « Après diner (27 maï) je me promène dans les ChampsÉlysées, je rencontre M. de Durtort, qui me dit que le nombre des troupes dans les environs de Paris est pour empêcher le tumulte si les États généraux sont dissous ; je ris de cette idée qui montre seulement ses désirs et ceux de ses amis ?. » — « Au Club ce soir (21 juin) on dit que la séance royale, qui devait avoir lieu demain, est remise. Le 20, à 5 heures. M. Necker a écrit une lettre au lieutenant de police, décla rant qu'on n'a pas l'intention d'empêcher la prolongation de la session des États généraux. Lorsqu'il y a appréhension d’un côté et détermination de l’autre, il est aisé de voir comment les choses tourneront #. » f

Le 1° juillet, dans une lettre à Jay, il résume la situation avec une netteté extraordinaire : « Les États généraux sont

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