Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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LES ÉTATS GÉNÉRAUX. L'ASSEMBLÉE CONSTITUANTE 117

la pensée profonde qui T'inspira et que les survivants des orandes crises révolutionnaires révéleront à la Convention dans la discussion de la Constitution de l’an III. Nous les retrouverons en étudiant plus loin lanarchie administrative. Ce qu'il a écrit à Jay, il le répète (toujours au commencement de juillet) à Carmichael : « Le roi qui, il ya longtemps, s'est déclaré pour le peuple a depuis été hésitant. Dans le conflit entre les représentants du peuple et les nobles, son entourage l’a décidé à soutenir ces derniers. Mais il s’est montré trop tard et pas comme il fallait. Le résultat, c'est qu'il a : battu en retraite et que les nobles ont été obligés de céder. La noblesse, qui aujourd’hui ne possède ni la force, ni la richesse, ni les talents de la nation, a opposé à ses adversaires plutôt de l'orgueil que des arguments. Tenant embrassés les chers privilèges de siècles depuis longtemps disparus, ils ont clabaudé à la Cour, pendant que leurs adversaires ont partout accaparé la pleine confiance du public. Ceux-ci, connaissant et sentant la force de cette situation, sont allés de l’avant avec une audace qui, pour ceux qui ne sont pas au courant des faits, a paru de la témérité. Mais cette hardiesse en a imposé — ceux qui sont à la tête de l'opposition qu'ils rencontent n'ont ni talents ni vertu. Le chef n’a pas même du courage, et sans le courage, vous le savez, en temps de révoJutions il n'y a rien. — Les troupes françaises, autant que je puis voir, ne serviraient pas contre leurs compatriotes et les troupes étrangères ne sont pas assez nombreuses pour faire une sérieuse impression !... Au moment où j'écris je considère la souveraineté de ce pays comme étant effectivement placée entre les mains de l’Assemblée nationale, car vous remarquerez qu'elle a pris ce nom au lieu de celui d’États généraux, ce qui revient à une législature américaine qui se changerait en Convention ?. Ils entendent faire immédiatement une Constitution et je ne doute point qu’ils n’obtiennent le consentement du roi ?. »

1, Voir la suite du passage ci-dessus, p. 21. — 2. Ci-dessus, p- 105. 3. T. I, p. 114-116.