Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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une réponse qui n'était point du tout satisfaisante. La reine, le comte d'Artois et la duchesse de Polignac avaient toute la journée travaillé deux régiments, que l'on rendit presque complètement ivres et chaque officier fut présenté'au roi, que l’on décida à donner des promesses, de l'argent, etc. Ils crièrent: Vive le Roi! Vive la Reine! Vive le comte d'Artois ! Vive la duchesse de Polignac! ! et leur musique vint jouer sous les fenêtres de Sa Majesté. Pendant ce temps le maréchal de Broglie travaillait en personne l'artillerie. Le plan était de réduire Paris à la famine et d’arrôter et emprisonner deux cents membres de l’Assemblée nationale. Mais ils trouvèrent que les troupes ne voulaient pas servir contre leur pays. Naturellement ces plans ne pouvaient plus être mis à exécution. Ils eurent soin néanmoins de ne pas informer le roi de tous ces malheurs. À deux heures du matin le duc de Liancourt pénétra dans sa chambre à coucher et, le réveillant, il lui dit tout ; il lui dit qu'il répondait sur sa vie de la vérité de son récit, el, qu'à moins qu'il ne changeât promplement ses mesures, toul était perdu. Le roi prit sa résolution. L'évêque d’Autun, dit-on, fut appelé pour préparer un discours?, ce qu'il fit. Les troupes furent dispersées, et, lorsque l’Assemblée entra en séance, le roi, accompagné de ses deux frères et du capitaine de ses gardes, arriva et fit son discours. Cela souleva des mouvements de joie très enthousiastes, et il fut reconduit au château par l’Assemblée entière et par tous les habitants de Versailles. Ils disent que le baron de Besenval est dénoncé par l’Assemblée nationale, appellation que le roi reconnait dans son discours ?. »

Morris est lui-même tout à la joie et célèbre le triomphe de la liberté. Il reste à souper au club, et, boit, comme on l'a vu plus haut, à la liberté de la France et à la ville de Paris‘.

Le 18 juillet il écrit: « Le temps est agréable et la ville commence à devenir tranquille. Je vais au club et prends du thé. Kersaw me dit que les étables d’Augias de Versailles sont maintenant tout à fait nettoyées. L'abbé Vermond et le valet de chambre du roi, De Thierry, et le comte d’Angivilliers

1, 2. En français dans le texte, — 3, T. I, p. 128.— 4. Ci-dessus p.27.