Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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désir de m'accompagner à la Bastille. Capellis et l'abbé Bertrand sont là qui attendent. Alors paraît Mme avec Mlle Duplessis. Nous montons tous ensemble dans la voiture de Capellis et nous allons à la Bastille. Nous avons quelque difficulté à passer au milieu des gardes, maloré mon passeport. Dedans, nous rencontrons l’architecte employé à la démolition, une vieille connaissance des abbés, qui est charmé de se rendre utile. Il nous montre tout, — plus que je ne désire en voir, car cela pue horriblement. L’assaut donné à ce château fut une entreprise hardie‘, »

En ces jours de triomphe populaire, et le Rdeans même, se présente à lui un autre spectacle qui fait l'avenir plus sombre: « Après diner (22 juillet), je marche un peu sous les arcades du Palais-Royal en attendant ma voiture. À ce moment la tête et le corps de M. Foulon sont introduits en triomphe, la tête au bout d'une pique, le corps trainé nu sur la terre Ensuite cette horrible exhibition est promenée dans différentes rues. Son crime est d’avoir accepté une place dans le ministère. Ces restes mutilés d’un vieil homme de soixante-dix ans sont montrés à son gendre Berthier, l’intendant de Paris: ensuite celui-ci est également mis à mort et dépecé, la populace trainant ces débris dispersés avec une joie sauvage. Bon Dieu ! quel peuple ?! »

Y

Comme Morris l’a constaté, après le 23 juin, suivi du 1/

juillet, la force de résistance de l’ancienne monarchie était

épuisée : elle était à la merci de l’Assemblée, désormais souveraine. La dernière capitulation, celle des 5 et 6 octobre 1789; n'est que la conclusion fatale des prémisses acquises.

C'est donc vers l'Assemblée que devait se tourner le regard de l’observateur et c’est bien sur elle que Morris concentre son attention. Cependant c’est, on peut le dire, du dehors qu'il l’a étudiée. Il était peu assidu aux séances, n’allant guère à

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