Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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Yersailles que lorsque l'y appelait l'intérêt des affaires financières ou commerciales, auxquelles il était mêlé ou lorsqu'il accOMpagD ait Mme de Flahaut à quelque séance de l’Assemblée. Dans la lettre à Jay citée plus haut, il disait: « Versailles est le plus triste séjour de la terre et, bien que je sois tenté par la forte passion de la curiosité dy aller et de suivre les débats des États généraux, je n'ai pas encore pu prendre sur moi de le faire. » En réalité, ces débats l’intéressaient fort peu. Ils étaient pour lui trop techniques et surtout trop oratoires. En janvier 1790, il écrit à Washington : « Au reste on ne discute rien dans l'Assemblée. Une bonne moitié du temps est dépensée à crier et à brailler. — C’est leur façon de parler. Ceux qui ont l'intention de parler inscrivent leurs noms sur une tablette et sont entendus dans l’ordre où les noms ont été inscrits, si les autres veulent les entendre, ce que souvent ils refusent de faire, en maintenant un vacarme continuel jusqu'à ce que l'orateur quitte la tribune. Chaque personne à qui il est permis de parler expose le résultat de ses élucubrations, de sorte que les partis opposés brûlent leurs cartouches et c'est le plus grand des hasards (une chance contre un million) si les arguments ainsi lancés arrivent à se rencontrer ?. » Le fond des thèses produites ne lui déplaisait pas moins que la forme de la discussion, comme il l'écrit à Short au mois d'août 1789 : « À propos du cours forcé, de ce papier terré, maintenant mort et enterré*, V Assemblée a commis bien des bourdes dont il ne faut point s'étonner. Ils ont pris pour guide le génie au lieu de la raison ; ils font des expériences, au lieu de suivre l'expérience et ils errent dans l'obscurité parce qu'ils préfèrent l'éclair à la lumière. »

Lorsqu'au mois d'octobre, l’Assemblée se fut transportée à Paris, il eût été plus facile à Morris de suivre ses séances. Mais de nouveaux éléments de trouble altéraient encore les

LES ÉTATS GÉNÉRAUX. L'ASSEMBLÉE CONSTITUANTE 129

EE P. 113. 2. T. I, p. 258. Voyez la suite de ce passage ci-dessus, p. 62. 3. Les mots en italiques sont en français dans le texte. h. T. I. 344. Voyez (E. I, p. 162) le récit dé la séance du 26 septembre, à laquelle il assistait,