Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

130 GOUVERNEUR MORRIS

débats: l'influence du milieu parisien, l'action néfaste des tribunes. Dès le 7 octobre il s'en rend compte: « Si mes calculs ne sont pas tout à fait faux, l'Assemblée nationale sentira bientôt les effets de son nouveau siège. Il ne peut pas être question de la liberté des débats dans un milieu aussi remarquable que la ville de Paris pour l’ordre et la décence!. » Le 18 octobre 1789 il écrit à Robert Morris: « J'ai assisté une seule fois aux délibérations de l’Assemblée nationale depuis le mois de septembre, mais cette fois a suffi à satisfaire ma curiosité. IL est impossible d'imaginer une Assemblée plus désordonnée. Ils ne raisonnent, n’examinent, ni ne discutent. Ils applaudissent ceux qu'ils approuvent et sifflent ceux qu'ils désapprouvent. Mais si je tentais une description, je n’en finirais pas. Ce jour même je dinais chez le Président et je lui dis franchement qu'avec une telle populace (mob) il était impossible de gouverner le pays?. »

Les comités devaient l’intéresser davantage, ces grands comités de la Constituante qui ont fourni une somme si prodigieuse de travail et de talents et où s’est faite méthodiquement la démolition de l’ancien régime et la construclion, au moins quant aux fondements, de la société nouvelle, — les uns préparant les lois, les autres accaparant telle ou telle branche de l'administration en procédant à la liquidation du passé. Ils apparaissent en effet quelquelois, du moins certains d’entre eux, dans les pages du Journal. I en est deux dont il a constaté la puissance et aussi la valeur. C’est d’abord le Comité des finances, dont il entend un rapport à l’Assemblée le 26 septembre 1789: « Le marquis de Moutesquiou fait son rapport : d’abord prolond respect pour le premier ministre des Finances ; puis des détails précis et des combinaisons qui montrent que le Comité entend l’aflaire beaucoup mieux que les ministres. À la fin du rapport cependant, il y a une faiblesse. dont ils n’ont peut-être pas pleiné conscience, ou qui peut-être était inévitable. Ils font appel au patriotisme pour venir à leur aide et, en matière d'argent, ils ne doivent tenir compte que de l'intérêt. »

ADO E pe 107. 2 DL, pré STI p.162: