Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LES ÉTATS GÉNÉRAUX. L'ASSEMBLÉE CONSTITUANTE 135

l'Assemblée aux 5 et 6 octobre 1789. Ce furent ces deux journées qui creusèrent la brèche. Mounier, Lally et un cerjain nombre de leurs amis quittèrent l’Assemblée et résionèrent leurs pouvoirs. Ceci était un fait, un acte que relève À Journal : « 12 octobre. Environ cinquante membres de l'Assemblée nationale se sont, dit-on, retirés: parmi eux de Mounier et Lally-Tollendal; cela fera quelque sensation si cela est vrai!. » Cependant ce n'était point une bonne manœuvre et Morris le reconnaît lui-même quelques jours après. C'est le 2 novembre et c'est encore pour lui une soirée bien remplie. « Je vais ensuite au Palais-Royal pour diner avec la Duchesse d'Orléans. J'arrive en retard et j'ai fait attendre le diner une demi-heure. Je m'excuse en disant que j'attendais les nouvelles de l'Assemblée nationale, et cela est vrai, vu que je suis resté quelque temps au Louvre pour voir l’évêque d'Autun, qui n'est pas venu. Nous dinons bien et agréablement ayec aussi peu de cérémonie que cela est possible à la table d’une personne de si haut rang. Après le café je me rends avec Mme de Ségur aux appartements de Mme de Chastellux. Le maréchal nous lit une lettre de M. Lally-Tollendal à ses commettants, qui est calculée pour ne pas faire beaucoup de bien à l’Assemblée nationale. Cela ne fera pas non plus grand bien à l’auteur, car le roi, en faveur de qui a lieu la manœuvre, à besoin de ceux qui peuvent rendre l’Assemblée utile plutôt que de ceux qui s'en absentent ?. » C'était aussi l'opinion de Malouct qui, quelque difficile que fùt sa position, continua à siéger dans l'Assemblée. « Je regardai, dit-il, l’Assemblée comme dissoute (après le 6 octobre) et l’obligation de donner nos démissions comme imposée à tous les députés honnêtes. » Mais, à une réunion tenue chez Bergasse, il fit entendre la voix de la raison et de la bonne politique : « J'observai toutelois, et il fut convenu par la pluralité que nous ne donnérions point nos démissions partielles mais en masse lorsque nous serions assurés que.trois cents députés au moins avaient pris des passeports. Cette mesure ne pouvait être utile qu'en apprenant à la nation que la majeure partie

1. T. I, p. 185. — 2. T. I, p. 213.