Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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pas du corps moral du clergé dont je parle, eé que je ne crois pas susceptible d'une véritable propriété, mais nous, individus titulaires vivans, que la plus grande partie de l’Assemblée croit pouvoir dépouiller de leurs possessions sans indemnité en foulant aux pieds le droit que leur donnent la possession, la prescription, toutes les loist. »

Talleyrand tenait à son idée. Le 8 octobre 1789, Morris écrit: « À onze heures je reçois une note de Mme de Flahaut. L'évêque est arrivé et désire me voir. Je vais au Louvre. J'examine son plan concernant la propriété de l'Église. Il en est entiché : la chose est bien en soi, mais le mode n’est pas si bien. Il y est attaché comme un auteur, ce qui n'est pas un bon symptôme pour un homme d’affaires. Cependant notre amie insiste si instamment près de lui qu’elle le fait céder sur un point ®. » Il constate le 2 novembre 1789 : « Ils ont décidé que la propriété de l'Église appartient à la nation, ou, tout au moins, que la nation a le droit d’en disposer. Cette dernière expression paraît avoir été choisie par esprit de conciliation #. »

En janvier 1790 enfin, dans une lettre à Washington il expose l'idée première des assignats et indique préremptoirement les raisons pour lesquelles ce plan doit échouer #: mais ce n'est pas là actuellement notre sujet.

Ce qui paraît effrayer Morris plus que la nationalisation des biens du clergé prise en elle-même, c’est la ruine de la religion catholique, bien qu'il soit protestant. Le ro novem1789 il assiste à une représentation du Charles IX de MarieJoseph Chénier : « Je vais avec le comte d’Afry à une représentation de la tragédie de « Charles IX », qui a pour thème le massacre de la Saint-Barthélemy. C’est une pièce dont la représentation est très extraordinaire dans un pays catholique. Un cardinal qui excite le roi à violer ses serments et à assassiner ses sujets, puis dans une réunion d’assassins consacre leurs poignards, leur donne l’absolution de leurs crimes et leur promet le bonheur éternel, tout cela avec les solen-

1 .Op°.cil. p.291 42) D.Pp-r781 3" 0T..I, PA223:

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