Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LES ÉTATS GÉNÉRAUX. L'ASSEMBLÉE CONSTITUANTE 51

nités de la religion établie. Un murmure d'horreur court dans l'auditoire. Il y a plusieurs observations calculées en vue du temps pr ésent, et je pense que cette pièce, si elle passe dans les provinces, comme elle le fera, portera nécessairement un coup fatal à la religion catholique. Mon ami, l’évêque d'Autun, a fait un aol pas vers sa destruction en attaquant la propriété de LÉ lise, Sürement jamais une nation n'a roulé plus rapidement à à l'anarchie. Ni droit, mi morale, ni principes, ni religion !.

Avec le serment des prêtres et la constitution eue du clergé le mal s'aggrave. Morris d’ailleurs ne considère l'un et l'autre que quant à leurs conséquences politiques. Le 25 novembre 1790 La Fayette lui demande un conseil : «Il me demande ce que je pense d’un plan d'agitation, en ce qui concerne la protestation des évêques, à savoir leur retirer leurs revenus. Je lui dis que l’Assemblée doit les mettre à la porte tout nus si elle désire que le peuple leur donne des vélements ?. » Mais il va plus loin et lui, l’ami et l'hôte de la France, il cherche dans la mesure du possible à exciter contre elle la papauté. Le 2 mars 179t il passe la soirée au Louvre. chez Mme de Flahaut : « Plusieurs personnes entrent et sortent. À la fin, nous nous divisons en deux bandes pour voir les illaminations de Paris, à raison de la guérison du roi. C'est une nuit terrible et le vent, vraiment très haut, est de Ouest avec de la pluie. Les illuminations étaient la chose la plus pauvre, la plus mesquine qu’on puisse imaginer. M. de St Foi (sic) arrive entre dix et onze et nous dit que le Pape a mis le royaume de France en interdit. Cela doit produire quelque agitation dès que cela sera connu *. » Il s'empare de celte idée et voici ce qu'il dit le 28 mars suivant à Maury, qu'il rencontre chez Mme de Nadaillac et qu il méprise d’ail-: leurs, comme nous le savons “ : « Je dis à l’abbé Maury que je m'attends à ce qu'il obtiendra le chapeau de cardinal que de Lomérue a renvoyé. Je lui dis aussi que le Saint-Père a fait une faute, en ne mettant pas le royaume en interdit. Il

AT: lp. — 2. T. I, p. 362. — 3. T. I, p. 393. É HR P- 64.