Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LES ÉTATS GÉNÉRAUX. L'ASSEMBLÉE CONSTITUANTE 155

nelle entrainerait des conséquences très funestes, bien qu'on y fasse peu d'attention en ce moment !. »

© Lorsque le coup a été porté, après le décret du 19 juin 1790, 1 revient encore à la charge (25 novembre 1790) : « Je lui réitère (à La Fayette) qu'il est nécessaire de restaurer la no blesse, ce qui naturellement le fait bondir : et il dit qu'il voudrait deux chambres, comme en Amérique. Je lui dis qu'une constitution à l'américaine ne peut pas aller à ce pays, et que deux chambres de cette sorte ne conviendraient pas là où il y a un exécutif héréditaire : que chaque pays doit avoir une constitution adaptée aux circonstances dans lesquelles il Se trouve et que l’état de la France requiert un gouvernement plus haut de ton que celui de l'Angleterre. A cela il est saisi d’étonnement. Je le prie de remarquer que l'Angleterre est entourée d’un fossé profond et que, ne pouvant être attaquée que par mer, elle peut se permettre bien des choses qui seraient dangereuses dans une situation différente ; que sa sûreté dépend de sa marine, à la conservation de laquelle sont

. sacrifiés tous les droits et privilèges des citoyens : que dans

jous les gouvernements possibles le premier souci doit être la défense générale 2.»

Ainsi Morris veut bien deux chambres dans la monarchie française ; mais il veut que l’une soit la chambre de la noblesse, composée de la vieille aristocratie nationale. En 1792 alors que la Constitution de 1791 est en vigueur, et que, comme nous le verrons, de tous les côtés on travaille à la renverser, Morris, qui conspire aussi, fait encore la même réponse à La Fayette qui dresse ses plans : « Il me demande ce que j en tends par une bonne constitution, si c’est une constitution aristocratique. Je lui dis que oui et que je présume qu'il a vécu assez longtemps sous le présent régime pour voir que le gouvernement populaire ne vaut rien pour la France. I dit qu'il désire la constitution américaine, mais avec un exécutif héréditaire. Je lui dis qu’en ce cas le monarque sera trop fort et doit être contre-balancé par un sénat héréditaire.

n T. L'poue = 20 p: 362.