Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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LES ÉTATS GÉNÉRAUX. L ASSEMBLÉE CONSTITUANTE 157

qu'il considère le gouvernement anglais, ainsi que le prouve cet autre passage qu il place encore dans la bouche de Hamilton : « Pour parler du général Hamilton, il eut peu de part dans Ja rédaction de notre Constitution. Elle lui déplaisait, car il considérait tout gouvernement républicain comme radicale ment défectueux. Il admirait cependant la Constitution anélaise, que je considère en fait comme une aristocratie, sous le ee de monarchie‘. » Voici l’un des passagesou il a le mieux résumé ses idées à cet égard : « Par ce mot mob (la populace). j'entends, non pas tant les indigents que les vicieux, les têtes chaudes, la partie inconsidérée de la communauté, en même temps que cette nombreuse armée d'instruments qu'on appelle les sots et avec lesquels travaillent les fripons. Ces gens forment Ja majorité de tous les empires, royaumes et républiques et, naturellement, lorsqu'ils ne sont pas restreints par les institutions politiques, ou réprimés par la force armée, ils possèdent la puissance effective. Et comme on doit abuser d’un pouvoir ainsi possédé, il s'en suit comme une conséquence nécessaire que les affaires d’une démocratie sont toujours entre les mains de gens faibles et méchants, à moins que la détresse ou le danger ne forcent le peuple à choisir, malgré lui, un sage et vertueux gouvernement. De ceci vous concluez peut-être que la démocratie est une mauvaise forme de gouvernement ; mais je suis d'un avis différent, car je tiens que ce n'est pas un gouvernement du tout, mais la mort ou la dissolution d’autres régimes ou le passage d’une forme de gouvernement à une autre. Quel peut être le nouveau système, c'est ce que le temps seul pourra révéler ?. »

Morris d’ailleurs, en fait de monarchie, n’admettait que la monarchie légitime et non point la césarienne. Voici encore comment il fait parler Hamilton : « Il savait que la monarchie ne pouvait jamais être établie par la populace. Lorsqu'une multitude d’indigents et de gens dissolus peut ètre réunie et organisée, leur envie de la fortune, des talents et de la réputation pourra les conduire à se donner un maïtre, pourvu qu'en le faisant, ils mortifient et humilient leurs supérieurs.

1. T, IT, p.523.— 2. T. II, p. AG8. Lettre à Mountflorence du 22 juin 1805,