Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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Turgot, de Necker et de Calonne, élues ou se recrutant par cooplation, avaient été imaginées pour limiter l'absolutisme royal, et ont servi de premier modèle à la Constituante. Un autre trail a complété le système. Les rélormateurs qui viennent d'être cités, et, à plus forte raison, l'Édit de 1787 qui établissait ces administrations dans tous les pays d'élections, maintenaient à côté d’elles les intendants, représentants du pouvoir central. Mais les intendants étaient condamnés par l'opinion publique : on n’en voulait plus. Cela est dit dans les Cahiers de 1789, et cela éclate dans les débats de l’Assemblée. On supprima donc les intendants et les corps élus se trouvèrent seuls chargés de l'administration générale.

Morris ne se contente pas de voir le mal; il donne de bons conseils. Le 15 février 1790, La Fayette le sollicite de nouveau sur ce sujet: « Je suggère la nomination de commissaires qui seraient envoyés comme conservateurs dans chaque district. Il pense que l’Assemblée ne consentira jamais à donner au roi le droit de nommer de tels commissaires. Finalement nous tombons d’accord qu'il serait utile de déclarer provisoirement que certains commissaires, déjà nommés dans un autre but, seront investis de ce pouvoir jusqu'à ce que les municipalités soient organisées. Îl me dit qu'il doit bien une dragée au roi pour son discours à l’Assemblée. Je souris et lui dis qu’il n’a plus de dragées à donner ; qu'ils ont morcelé le. pouvoir exécutif de telle sorte qu'ils ne peuvent le rendre au roi?. » C'était bien là le remède approprié, et ces commissaires seront créés par la Constitution de l'an IL. Mais quels étaient ceux qu'avaient en vue Morris et La Fayette : Peut-être les intendants supprimés, les anciens commissaires départis. Mais c'était impossible ; le seul souvenir des intendants était mème un obstacle insurmontable à la création de nouveaux commissaires. Morris le reconnait lui-même plus tard. Au mois d'avril 1791 le ministre Montmorin le consulte. « Il exprime le désir d’avoir des commissaires nommés par la Couronne pour maintenir l’ordre dans les diflérents départements, etc. Je réplique que tous les fonctionnaires que con-

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