Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LES ÉTATS GÉNÉRAUX. L'ASSEMBLÉE CONSTITUANTE 173

lume‘. Il avait décrété que Mirabeau serait « toujours puissant dans l'opposition et jamais grand dans le gouvernement ? ». Au moment même où commencèrent les négociations, dont nous allons parler, il écrit: « Le maire Bailly est, diton, incapable et désire se retirer. On parle de Mirabeau comme son successeur. Ainsi chaque pays a son John Wilkes. Il est rare de trouver un cœur pour résoudre, une tête pour dresser les plans et une main pour exécuter *. »

D'ailleurs il surveille Mirabeau de près. Le 11 octobre 1789, il note, sur une information venant de Mme de Flahaut : « Mirabeau doit avoir ce soir une entrevue avec le roi (tout à fait privé et ignoré de tous, sauf de nous). » Le lendemain il rectifie: « Mirabeau a eu hier une conversation de trois heures, non avec le roi, mais avec Monsieur *. » Le comte de La Marck, dans ses notes, parle aussi de cette entrevue; mais ce serait lui et non Mirabeau qui aurait vu alors Monsieur : et il lui aurait soumis un mtmoire de Mirabeau, auquel il donne la date du 15 octobre 1789 °. On voit néanmoins que Morris était bien informt. Plus tard, lorsque des rapports directs se sont établis entre Mirabeau et la Cour, il les connaît aussi. Il note le 3 mars 1791: « M. Brémond® et M. Bergasse viennent me voir.

1. Voyez en particulier t. [, p. 256. — >. TL p220. T. I, p. 70, 4 octobre 1789. — 4. T. L, p. 183. — 5..T. E, p. 180.

6. De Bacourt, op. cit., t. I, p. 86 et suiv., p. 254 ct suiv.

7. Tip: 389. Dôrénavant et jusqu'après le 10 août ce M. Brémond apparaît à chaque instant dans le Journal. Très remuant, très hardi, il poursuit le même but que Morris et prend constamment ses conseils ; il travaille, comme Morris, dans l'intérêt du roi. L'éditeur américain, Miss Anne Cary Morris (t. I, p. 389, note) voit en lui « Étienne Brémond, qui avait été successivement curé de Chartres, chanoine de la cathédrale, chanoine d'une Eglise à Paris et docteur de la Sorbonne. Le chagrin que lui causa l’empri-

os

sonnement du roi le mit dans un état de santé qui amena sa mort en janvier 1795 ». Mais ce personnage ne paraît avoir joué un rôle que sous Louis XV dans les querelles sur la bulle Unigenitus. Il nous paraît certain qu'il s'agit là du comte Brémond d'Ars, né en 1759 à Saintes, où il mourut en 1842. Il avait été élu député suppléant aux États généraux de 1789, et il y remplaça la Tour-du-Pin, lorque ce dernier fut nommé ministre de la Guerre le 4 août 1789. C'était un royaliste Hbéral, défenseur du clergé et de la noblesse. Certains actes que lui attribue Morris ne peuvent convenir qu'à un député.