Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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Nous avons une ample conversation sur les affaires publiques, ce qui est l’objet de leur visite. Ils me disent que la reine intrigue maintenant avec Mirabeau, le comte de La Marck et le comte de Mercy, qui jouissent de sa confiance. » Et le lendemain : « Le comte de Ségur me rend visite. Je lui demande des rensignements sur le comte de La Marck et sur le comte de Mercy. Il me dit que le premier est un militaire qui connait bien son affaire. Le comte de Mercy est, dit-il, lun des hommes d'État les plus capables de l'Europe !. » Le surlendemain il interroge Mme de Chastellux sur le compte de La Marck: « Il se trouve que j'ai fait sa connaissance. Il est intimement uni à Mirabeau, est dévoré d’ambition et profondément immoral. Nous voilà donc au fait. »

Dans l'affaire du ministère, Morris a fait à Mirabeau une opposition acharnée. On ne peut pas dire que ce soit là la cause qui à fait échouer l’entreprise : le tempérament de l’Assemblée y répugnait et c'est d'elle que partit le coup de théâtre qui fournit le dénouement. Cependant les chances de succès eussent été plus nombreuses, si ces deux hommes avaient marché d'accord. :

Ce fut là un élément défavorable. Il y en eut un autre. Les deux hommes d’État, dans leurs manœuvres distinctes et parallèles, s'étaient rencontrés sur un point. Ils avaient crû l’un el l’autre devoir s'adresser à La Fayette et le prendre pour centre du groupe qu'ils voulaient former. La Marck dit dans ses notes : « Quelque peu de cas que Mirabeau fit personnellement de M. La Fayette, il ne s'était pas dissimulé cependant que la posilion que celui-ci s'était faite, la grande popularité dont il avait su s'enlourer, ne missent dans l'obligilion de compter avec lui ?. » Morris, nous le verrons, n'avait pas une plus haute estime de son ami La Fayette; mais il pensait également que le ministère rêvé ne pourrait se faire: que par lui. Or, c'était un homme indécis, infatué de lui-même,

Ainsi il s'apprèle à lravailler à la revision des décrets constitutionnels (!. 1) p. Ar); se propose de faire prendre à l’Assemblée nne résolution concernant les colonies (1. L, p. 443).

1. T. I, p. 591. — ». De Bacourt, op. cit., &. I, p. 92.