Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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dont il méprise les talents, parce qu'il est honnête et qu'il a confiance en lui; comme s'il élait possible d’avoir confiance dans un homme timide au milieu de circonstances difficiles !, »

Morris cependant ne désespère pas de voir réussir son plan. Il décide de maintenir en place le ministre des Affaires étrangères, M. de Montmorin, qu'il va voir: « C’est une pitié, écrit-il, que ces gens-là ne soient pas plus capables : cependant j'ai travaillé pour maintenir Montmorin en place et je crois que cela peut encore réussir. Il est très honnête et ses relations avec Florida Blanca font de lui un membre très désirable pour le ministère parce que, tant que ces deux hommes seront au pouvoir, on peut à coup sûr compter sur l'Espagne?. » Cependant les choses se gâtent. Le 12 il est chez Mme de Flahaut, dont il reconnait la supériorité, et elle lui rend compte de l’état des négociations : « La combinaison dont on parle actuellement pour le ministère est de prendre Necker comme premier ministre, l'évêque d’Autun comme ministre des Finances et Liancourt comme ministre de la Guerre. Mirabeau désire entrer au ministère: il ne se contenterait plus d'une ambassade ?. » Mais le même jour il la revoit: « Elle me dit que l’évêque n’acceptera pas les finances sous Necker. Nous devons diner avec PR à quatre heures demain * ». Le lendemain, en effet, on lit : « À quatre heures je vais au Louvre, comme c'est convenu. Nous attendons jusque près de cinq heures que l’évêque revienne de Versailles, alors nous nous mettons à table et le diner est excellent. Elle nous invite à souper chez Mme de Labordeÿ. » Entre le diner et le souper, Morris fait diverses visites. Chez Mme de Chastellux, où la duchesse d'Orléans se trouve « comme de coutume », il trouve aussi le vicomte de Ségur: « Un peu de politique avec Jui. Mme de Ségur arrive tard elle a été retenue par des visites. Elle me nee d'aller voir La Fayette et de le prier de ne pas entrer au Conseil. Je décline, mais sur ses instances je

1e T. I, p. 182. — 2. T. IL, p. 183. : 3. T. L, p. 185. On avait parlé pour lui de l'Ambassade de Constanlinople, t. I, p. 166. T. I, p.190. — 5. T. [, p. 190.