Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

_

LES ÉTATS GÉNÉRAUX. L'ASSEMBLÉE CONSTITUANTE 189

lui donne la note. Il me dit qu’il doit communiquer l'affaire au comte de La Marck. Leurs relations politiques sont telles qu il ne peut se dispenser de cette communication. » Puis le 20 avril «je vais diner chez M. de Montmorin. Après diner j'ai une longue conversation, en partie sur les affaires politiques. Il promet de parler de l'affaire au roi dans le cours de la semaine. Il l’a fait connaitre au comte de La Marck, qui approuve. Entre autres choses je Jui suggère un acte d’amnistie voté par l’Assemblée et làdessus une autre lettre révolutionnaire. Il approuve beaucoup cela, me disant qu’il prépare en ce moment une lettre du roi au Prince de Condé. Je rentre chez moi afin de voir Brémond et de faire travailler par lui les Jacobins pour obtenir d'eux qu'ils fassent la motion du décret d’amnistie ?. »

La politique conseillée par Morris est d’ailleurs des plus simples. Il est convaincu qu il y a un retour de l'opinion publique. qui abandonne l’Assemblée pour revenir au roi. Le 30 août 1790 il écrit à Washington : « Leur Assemblée perd tous les jours du terrain dans l'opinion publique. » Il n'y à donc qu'à attendre, la réaction inévitable se produira. Le roi n’a qu'à rester passif, sans essayer de résister à l’Assemblée. Le 18 novembre 1790, il donnait déjà ce conseil au garde des sceaux, chez qui il dinait : « Je lui dis que je considère la Révolution comme un projet manqué ; que les maux rendront l'autorité au Souverain ; qu'il doit continuer à être un simple instrument entre les mains de l'Assemblée#, » Cependant il ne s’exagère pas les choses. Le 18 avril 1791 : « Diné chez M. de Montmorin. Après diner je le prends à part et je lui exprime mon opinion qu'une prompte dissolution de la présente Assemblée serait dangereuse. Leurs successeurs seront choïsis par les Jacobins, au lieu que, si on laisse s’écouler quelques mois, les Jacobins et les municipalités seront en guerre, parce que les dernières ne voudront pas supporter l'inÎluence des premiers. Il dit qu'il craint que les municipalités ne soient entièrement sous l'influence des Jacobins. C’est, je crois, une crainte vaine“. »

A près diner je

2. TL p. fo2è— 2. TI, p. 4re.— 8. TT, p. 358.— 4. T. I, p. 399.